Patti Smith, Alain Souchon & Emmanuel Macron :-( Musique et luttes, ou l'imbrication de deux mondes
L'idée de commenter une actualité somme toute banale, ne nous serait pas venue si elle nous avait pas incité à réfléchir sur le rôle des arts, des artistes, dans les luttes sociales. Celle ci nous interpelle.
Un chanteur populaire, informe publiquement, et de façon inattendue, au regard de la notoriété du personnage, sur son opinion d'un président de la République particulièrement peu apprécié..
Et c'est le "buzz", phénomène désormais connu, lié à l'immédiateté de l'information via les réseaux sociaux, et internet. Phénomène souvent temporaire, qui s'éteint tout comme il commence, en faisant parfois cependant de gros dégâts sur son passage.
Le "buzz" bonne ou mauvaise chose, arrêtons nous dessus quelques instants sur la forme.
Existait-il avant l'explosion du Net?
La réponse est selon nous, oui et non.
Bien sûr la rapidité de propagation était moindre, mais sans doute tout aussi significative.
Les "fanzines", par ex, sorte de courts journaux papiers ressemblant à des tracts, dans les années 70 en étaient l'une des expressions populaires indépendantes.
"...Souvent militant dans le champ culturel (au sens large), l'esprit des fanzines se retrouve dans le slogan du réseau alternatif Indymedia : « Ne critiquez pas les médias, soyez les médias..."
"...Dans la foulée de mai 1968, le phénomène est adopté en France pour diffuser une expression politique et revendicative de tous bords (féministes, écolo, étudiants, anarchistes…)..." ( source Wikipedia)
En quelque sorte les premiers "auto médias" des luttes sociales mais pas que, puisque par exemple le mouvement punk utilisait couramment ce type de communication.
Les auto médias de notre époque actuelle n'ont pas inventé le concept, ils ont simplement finalement, repris les mêmes codes, associés à cet outil puissant qu'est le Net.
Maintenant tentons de comprendre ce qui se passe quand un artiste prend position de cette manière, en comptant sur le "buzz" de sa parole pour faire circuler une idée.
La part historique des arts dans les luttes est déterminante, la musique en fait bien évidemment partie ( mais nous reviendrons sur les autres aussi prochainement...)
Le rap, le jazz, le blues, la chanson à texte...ont été un moyen d'exprimer les revendications, les colères, et les festivals de musique célèbres, de Woodstock à la première teknoparade (etc...), nommée à l'époque Loveparade, en sont les émanations.
"La première Love Parade avait pour but de manifester contre le mur de Berlin qui coupait la ville en deux parties. Elle réunissait environ 150 personnes autour d'une camionnette sonorisée." ( wikipedia)
La musique peut être révolutionnaire ou populaire, elle est en tout cas souvent le stimulant de nos luttes, en ce qu'elle parle de nos maux, de nos âmes.
Le rôle des artistes, quand ils prennent des positions assumées de la sorte, en pleine effervescence sociale, est une énorme responsabilité.
Le pouvoir de l'artiste de convaincre par quelques mots, en s'appuyant sur le "buzz", de l'inutilité de s'opposer à un régime que dans la rue, on sait autoritaire, est ici violent.
Le pouvoir de l'artiste de faire passer sa vérité du moment, après avoir pendant des décennies, rallié à la sympathie un public avec des textes si vrais, est ici violent.
Se livrer aux médias pour prendre de telles positions, totalement subjectives et surtout déconnectées du réel, nous semble en tout cas néfaste, de par les conséquences que cela peut avoir...
"Il se dégage
De ces cartons d'emballage
Des gens lavés, hors d'usage
Et tristes et sans aucun avantage
On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né
Pour des cons alors qu'on est
Une foule sentimentale."
Alain Souchon, Foule sentimentale, 1993
Alain si tu nous lis, reviens.
Nathalie Athina