Pierre Buraglio s'implique toujours dans la rue comme en galerie
Sur un fond bleu, en fac-similé de papier de Gauloises, en référence à ses œuvres emblématiques du début des années 80, Pierre Buraglio a imaginé, avec “Les Rêveries d’un promeneur solitaire”, une promenade qui commence au sortir de chez lui, numéro 20 de l’avenue Gambetta. Mais l’ex-activiste de l’Atelier des Beaux-Arts de 68 dévoile aussi d’autres projets à la Galerie Catherine Putman : PB appliqué …
Il y a longtemps que les techniques mixtes sont partie prenante de ses œuvres. Ici, il emprunte des images au street art, cite des vers de Baudelaire, utilise ses propres dessins ou des extraits de toile d’anonymes et compose, laissant visible ça et là des traces d’arrachages, témoins des différents états du projet. Acoquiné depuis longtemps avec le Studio Franck Bordas, il joue ainsi des possibilités du numérique et a réalisé récemment deux commandes pour des musées : 46, pour le Musée des Beaux-Arts de Caen, tirage numérique pigmentaire en deux parties de plus de 4 mètres de haut, visible dans l’exposition XXL estampes monumentales contemporaines et 68-2019 dans les mêmes dimensions, pour le Musée de Saint-Etienne dans le cadre de sa rétrospective.
Les rêveries d’un promeneur solitaire peuvent ensuite se décliner en différentes parties, dans un principe inédit d’édition à dimension variable, où chacun peut choisir un extrait. Un ensemble de dessins et d’estampes, sur le même thème, accompagne et prolonge cette balade dans le Val-de-Marne.
Comme autrefois il avait revisité les composantes du tableau, pour inscrire l’art dans la vie quotidienne, Buraglio revisite celles d’objets utilitaires à partir de matériaux de récupération : miroir-fenêtre, socle en brique et presse-livre en brique réfractaire, presse-papier en montant de fenêtre et tôle émaillée.
Certains objets répondent aussi à des commandes comme le compotier édité par la Réunion des Musées Nationaux (surmonté d’un papier mâché de Claude Buraglio), le foulard pour les soieries Brochier à Lyon, un paravent commandé par Elizabeth de Portzamparc pour sa galerie Mostra, ou encore le «service Diane» pour la Manufacture de Sévres. Et, pour cette exposition, il a réalisé un Miroir-rétroviseur, en 3 exemplaires. A la frontière entre l’objet et l’art imprimé, plusieurs séries de cartes postales de l’artiste sont également présentées, notamment les éditions de Michel Lunardelli, en lithographie originales.
Né à Charenton en 1939, Buraglio vit et travaille à Maisons-Alfort, Val-de-Marne. En 1959, il entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 1961, il participe pour la première fois au Salon de la Jeune Peinture et fréquente l’atelier de Roger Chastel à l’ENSBA. Pendant les événements de Mai 68, Pierre Buraglio est permanent à l’atelier populaire de l’École des Beaux-Arts de Paris. De 1969 à 1974, il cesse de peindre afin de se consacrer à une activité politique militante. À partir de 1976, il enseigne à l’école régionale des Beaux-Arts de Valence puis est nommé professeur à l’ENSBA. Si l’artiste est impliqué dans son œuvre, vous pouvez vous appliquer à en vous en offrir des éléments… CQFD !
Robert Posca le 19/09/19
Pierre Buraglio - PB, appliqué - 20/09 → 26/10/19
Galerie Catherine Putman 40, rue Quincampoix 75004 Paris