Le jukebox afro-maghrébin cheap d'Ahmedou Ahmed Lowla (fait danser les foules)
Star mauritanienne, le claviériste Ahmedou Ahmed Lowla s’exporte enfin en nom propre, pour faire danser les foules d’ici aussi bien qu’à Nouakchott, avec un album sorti dernièrement sur Sahel Sounds, Terrouzzi.
Ahmedou Ahmed Lowla est une star en Mauritanie depuis une bonne décennie et voyage dans toute l’Afrique, musicien demandé aussi bien par Baaba Maal, Youssou N’Dour que Wally Seck. « Je m’adapte au style des musiciens, je m’adapte à tout » déclare le musicien, qui semble toujours exactement savoir ce qu’il fait. Grand et souriant, il semble aux aguets, prêt à capter une idée nouvelle, à s’harmoniser sur un son. Il vient de sortir son premier album en Europe, Terrouzi, chez Sahel Sounds, label spécialisé dans la découverte de pépites africaines de ce genre. « J’ai découvert Ahmedou plusieurs fois en fait. », raconte le fondateur du label, Christopher Kirkley. « J’étais en Mauritanie pendant 5 mois en 2008, j’entendais sa musique tout le temps, dans le taxi, à l’hôtel, partout .» Et puis, il a décidé de le signer …
Musicien autodidacte, il a modifié son synthétiseur note par note pour qu’il colle au système musical mauritanien, basé sur des gammes complexes, très exotiques aux oreilles occidentales. Pour chaque morceau, Ahmedou Lowla choisit une gamme et improvise dessus à l’envie, navigant entre les sons du clavier, lors de sessions purement instrumentales. Mais ce qui rend le résultat si enthousiasmant, c’est la transposition de ce système traditionnel dans une rythmique dansante. « C’est quelqu’un qui fait de la musique électronique avec de la musique traditionnelle » affirme Christopher. Et s’il joue sur un vieux Yamaha rafistolé de partout au scotch, cela ne gêne ne rien des superbes envolées qui mêlent tradi et électro pour sonner 2019. On lui souhaite le même destin qu’au Syrien Omar Souleyman et sa transe Dabkeh, une danse qui se pratiquait dans les villages, à l’extérieur. “Elle devint ensuite une danse d’intérieur pour célébrer des mariages ou tout autre événement que nous fêtons dans ma région. Il y a différentes sortes de dabkeh, chaque région et chaque peuple arabe ont leur propre façon de danser la dabkeh sur la musique qui va avec", explique Omar Souleyman. Voit-on là se tisser un nouveau lien entre Syrie et Mauritanie ? Et en écoutant bien, on s’approche aussi des gammes pentatoniques de la musique éthiopienne… C’est dire tout le bien qu’on en pense. Étonnamment novateur, en même temps que roots, c’est l’option gagnante du moment.
Jean-Pierre Simard le 23/05/19
Ahmedou Ahmed Lowla - Terrouzi - Sahel Sounds