La Bourse techno avec Inasound et Jean-Michel Jarre
Parrainé par Jean-Michel Jarre, le festival Inasound ambitionne de connecter les tuyaux d’une scène devenue véritable industrie en rapport avec l’audio, la vidéo, le web, le spectacle vivant, l’art contemporain, le gaming ou la mode, avec savoir-faire et expérience. Et ce, durant le week-end pascal au Palais Brongniart.
Outre les concerts et DJ sets d’Arnaud Rebotini, Molecule ou Roscius, on pourra y trouver des ateliers de création sonore pour les enfants, des installations visuelles numériques, mais aussi une série de masterclass. Le temps fort de ce programme annexe sera la rencontre avec Jean-Michel Jarre, parrain du festival et président d’honneur du groupe INA-GRM. Le pionnier de la musique électronique française y retracera avec le public sa carrière, sa manière de créer et sa vision du futur de l’électronique.
On pourra aussi retrouver Matt Black, moitié de Coldcut et fondateur de Ninja Tune, pour une masterclass intitulée "The art of audiovisual relationship". Il y reviendra, exemples à l’appui, sur les rapports historiques entre son et image et présentera son app à venir : Jamm. Créée avec sa compagne et réalisatrice Dinaz Stafford, ce nouvel outil vise à favoriser la création musicale et visuelle de manière innovante. Le musicien et danseur NSDOS fera, quant à lui, une présentation en deux parties : d’abord une conférence présentant son usage créatif des nouvelles technologies, puis une mise en application lors d’une performance.
Trax Magazine sera représenté lors de ces masterclass via son président Antoine Buffard. Accompagné de Maud Geffray, moitié du duo Scratch Massive (Pan European Recording), ils échangeront avec le directeur de publication d’Usbek & Rica, Thierry Keller, autour de la représentation médiatique de la techno, de la marginalité vers le patrimoine.
De son côté, Jean-Yves Leloup, commissaire de l’exposition Electro à la Philharmonie de Paris reviendra sur son parcours et celui de la culture techno. Auront lieu également un débat sur la programmation radio des musiques électroniques à l’heure d’Internet, réunissant des programmateurs de Nova, Rinse ou Radio FG, ainsi qu’une conférence d’Aurélien Branger, représentant de Hadopi, sur les rapports entre musique et pratiques illicites. Le truc à ne pas rater du week-end …
Bertrand Maire, Président de l’INA défend son steak avec passion en préambule au festival : “ Les musiques électroniques sont étroitement inscrites dans l’ADN de l’INA, au-delà de son activité d’archivage du patrimoine audiovisuel français. Le groupe de recherches musicales (INA GRM) fondé par Pierre Schaeffer est en effet aux sources de la musique électronique dans le monde. La production de concerts et d’outils de création sonore a par ailleurs toujours fait partie de l’institution. Quand je suis arrivé à l’INA, je me suis pourtant aperçu qu’à aucun moment le lien n’avait été fait entre les pères fondateurs et les nouveaux acteurs de la scène électronique. Je fais partie de cette génération bercée par la French Touch, Laurent Garnier, et bien d’autres. J’ai d’abord voulu initier un rapprochement entre le duo Air et INA GRM. De cette première collaboration, où ces enfants du GRM que sont Air rencontraient les fondateurs, a jailli de nouvelles idées, de nouvelles intentions. C’est alors qu’a été imaginé Inasound.
À une période où l’audiovisuel public se réinvente, ce nouveau festival est pour l’INA une façon de conforter ce lien avec ses origines. Les musiques électroniques font partie de notre capital, et leur influence dans notre quotidien est partout. C’est ce que nous voulons mettre en avant, en revenant à notre mission de pédagogie et de transmission du son, à notre vocation aussi vis-à-vis de la jeunesse. Comment on fabrique un son ? Comment on le produit ? Comment on l’harmonise ? Comment l’image et le son sont liés ? Comment la musique électronique influence les autres arts et artistes ? C’est ce qu’on tentera de présenter à l’occasion d’Inasound.”
Incroyable comme l’accélération en cours de la culture électro, enfin reconnue comme surgie aussi de l’avant-garde, fait soudain sens pour le grand public, après avoir été si longtemps dévoyée par des industriels qui n’y retrouvaient pas - à juste titre - les billes qu’ils n’avaient pas voulu y mettre. Une belle avancée culturelle qui permettra peut être enfin de piger les liens entre François Bayle et Daft Punk, Pierre Schaeffer et Coldcut, ou pourquoi les jeux vidéo et le hip hop avancent main dans la main. La programmation est super, le nombre d’événements conséquent. On y va !
Jean-Pierre Simard le 19/04/19