Un peu d'espoir avec les Tindersticks, mais pas de trésor en vue
Il doit y avoir une passion française pour les Tindersticks qui agissent à moitié dans l’ombre depuis quelques lustres, délivrant de ci, de là leurs pépites, toutes portées par la voix imparable d’un Stuart Staples, mi Nick Cave, mi Leonard Cohen. Excusez du peu, mais à chaque fois, on en redemande, autant pour l’approche que les caresses de la voix. Et “No Treasure But Hope”, avec un intimisme hivernal, assure grave.
Depuis The Waiting Room paru en 2015, Stuart Staples n'a pas chômé. Après la bande son du documentaire Minute Bodies – The Intimate World Of F. Percy Smith, l'album solo Arrhythmia et plus récemment, pour Claire Denis, la bande originale du film High Life, le voici de retour avec un "véritable" album des Tindersticks : No Treasure But Hope, treizième disque studio du groupe.
L’ouvreur 'For the Beauty' est une introduction parfaite au son du groupe, avec la voix sonore de Staples baignée doucement dans des volutes de piano et cordes, à évoquer un homme soupesant son âme dans un salon baroque, tout de velours vêtu devant un feu de cheminée crépitant. La pop orchestrale du groupe s’affichant hivernale et recentrée sur la composition à la façon du Band de Music from Big Pink.
Et il faut revenir sur le parti-pris du groupe - travail commun, recentrée sur l’instrumentation - à tracer un sillon particulier, à l’économie. quitte sonner un peu pareil sur les titres du milieu de l’album - si cela vous gave, vous pouvez toujours rayer ( après écoute, votre propre vinyle), sans faire chier le monde. Pinky In the Daylight est décrit par Staples comme sa "première chanson d'amour pure" … on vous laisse juger là …
Carousel et Take Care In Your Dreams sont de la même eau, mais convainquent moins ( c’est là qu’on raye… ). See My Girls est la chanson la plus expérimentale et aboutie de l'album, avec des textures orientales loufoques et des cordes hachées, à faire déraper la pop vers le chamanisme et lui faire évoquer au-delà des mots, le même fantôme que Television évoquait dans Elevation ou le premier album des Tindersticks avec Jim, le côté derviche assumé qui fait la différence.
Les trois dernières chansons font toutes mouche, approfondissant la nature des relations père-fils (The Old Man's Gait), ajoutant une touche de funk cuivré (Tough Love) et définissant un aujourd’hui du sentiment et de la sensation avec la superlative ballade au piano du morceau-titre final( qui a elle seule donne envie d’acheter le disque … On peut trouver le milieu du propos un peu redondant, mais l’avant et l’après méritent plus que le détour., les Tinderstiscks sont un groupe mésestimé. Faut-il entendre No Treasure at home ou bien No Tresure but hope? Mais avec ce titre, Staples se hisse au niveau de Cave et Cohen, sans forcer. On l’aime aussi pour cela - et depuis longtemps.
Jean-Pierre Simard le 15/11/19
Tindersticks - No Treasure but Hope - City Slang