Vingt-six panneaux d'affichage flashés dans la Cité des Anges. S'inspirant de photographes fondateurs comme Ed Ruscha, Walker Evans et les Bechers, Klaus Frahm documente le côté obscur des panneaux publicitaires de Los Angeles. De l’humour pince sans rire à la réflexion philosophique, ll n’y a qu’un pas. De côté … 

Dans les années 60, Ed Ruscha a déclaré que les drive-in et les stations-service étaient les points de repère de Los Angeles. Pour moi, les panneaux d'affichage sont devenus les nouveaux repères de l'étalement urbain, exposant le passager (en voiture ou à pied) à un bombardement visuel.

Certaines personnes les détestent, tandis que d'autres les aiment, mais la plupart deviennent aveugles et léthargiques, n'ayant aucune opinion positive ou négative. Il vaut mieux que le subconscient s'imprègne du flux des messages.

Lors de mon récent voyage à L.A., j'ai examiné le dos des panneaux d'affichage et j'ai été fasciné par leur construction et leur sonorité. Comme des sculptures abstraites, elles dominent les bâtiments, cachant leur fonction et leur contenu.

Ces œuvres font référence à Walker Evans, Bernd et Hilla Becher, Lewis Baltz et Hiroshi Sugimoto, ainsi qu'à ma série Fourth Wall. Il y a un moment théâtral en eux ; on dirait que les panneaux publicitaires nous regardent.
Klaus Frahm

Et, à propos de la série Fourth Wall, Com/Art écrivait ceci : Le photographe autodidacte, né à Börnsen en 1953, en est certain, il y a bel et bien un nouveau sujet à traiter. Il décide alors d’écumer les salles de théâtre allemandes et de les photographier. A travers son travail, Klaus Frahm cherche à mettre en avant la dualité entre ces deux espaces et à rendre aux coulisses une place plus juste au sein du théâtre.
De son initiative naîtra la série The Fourth Wall. Lorsqu’il photographie la salle, Klaus Frahm se trouve dans les coulisses. Ce choix, dans sa manière de photographier, rend l’espace plus petit et beaucoup plus étriqué. Celui qui a voulu devenir d’abord photojournaliste, puis photographe de paysage, avant de se tourner vers la photo d’architecture a une idée bien précise en tête, lorsqu’il décide de photographier les salles de théâtre sous cet angle.

On peut suivre son travail ici et là - et c’est pas triste, ni dans le propos, ni dans les perspectives que cela ouvre pour la photo d’architecture ou le simple photo-reportage. Il a été cette année finaliste du prix Lens Culture.

Jean-Pierre Simard le 30/10/19
Twentysix Billboards/ Klaus Frahm