Centenaire de l'homme-cinéma, cocorico Monsieur Jean Rouch !

Tantôt Tintin savant, mais proche des peuples en Afrique ou à Turin (« l’Enigma de Jean Rouch à Turin ») et en Iran («Contes persans, Jean Rouch en Iran »), globetrotteur insatiable, le destin du réalisateur se confond avec son œuvre foisonnante, entre ethnologie, surréalisme, innovations filmiques et récits d’aventures. Cent ans après sa naissance, ces films relatent le parcours d’un homme qui réinventa plusieurs fois sa vie, en racontant celles des peuples du monde entier. En quatre dvd et sept films.

Cette édition présente pour la première fois un ensemble de films documentaires réalisés sur Jean Rouch et sur son œuvre et son action polymorphes, enthousiastes et stimulantes. La première des deux parties rassemble cinq films documentaires finalisés à l’occasion du centenaire de la naissance du cinéaste- anthropologue, célébré lors de nombreuses manifestations en France et dans le monde durant les années 2017 et 2018.

Les films du premier dvd sont basés sur des entretiens récents, ponctués par de nombreux extraits de films de Jean Rouch. Ils se penchent en particulier sur l’héritage de son œuvre et de son action, surtout au Niger (film de Laurent Védrine), en Côte d’Ivoire et en France (film de Idriss Diabaté), et de manière inédite, en Iran (film de Mina Rad).

Les films du deuxième DVD sont basés sur des enregistrements plus anciens, laissés en sommeil et remis à l’honneur à l’occasion du Centenaire. Des enregistrements faits respectivement sur le tournage de deux films de Rouch dans les années quatre-vingt, en France (Dionysos) et en Italie (Enigma), dans cette Europe où Rouch a relativement peu tourné mais, en y réalisant ses films peut-être les plus autobiographiques. Des enregistrements montrant Jean Rouch au travail et en création, et nous livrant sur le vif des facettes de sa personnalité, présentés seuls (film de Éric Darmon) ou couplés avec des entretiens récents (film de Marco di Castri, Daniele Pianciola et Paolo Favaro).

Quelle que soit la porte d’(entrée qu’on emprunte pour entrer dans l’œuvre de Rouch, on est sûr d’y trouver un questionnement en action, une construction qui emprunte à la fois au cinéma et à l’ethnologie et qui manifeste un humour furieux. Et quelle que soit la partie du monde filmée ( avec ou non une œuvre terminée) , comme pour Welles, c’est dans la pratique, dans le quotidien du tournage ou de la prod que l’on sent la vie passer, se transformer en un film - suggérer plus que prouver - montrer sans imposer, avec le recul nécessaire. Rouch était tout à la fois refondateur du cinéma ethnographique, pionnier du cinéma direct et inventeur du "cinéma-vérité", précurseur de la Nouvelle Vague, ethnologue hétérodoxe et cinéaste aventureux, et grand génie blagueur. Il sera l'auteur de 180 films (dont un tiers sont inachevés), parmi lesquels des pierres de touche de l’histoire du cinéma : Les Maîtres Fous, Moi, un Noir, Jaguar, ou encore Chronique d’un été, avec Edgar Morin. Sachant que son œuvre est diffusée chez Montparnasse - vous trouverez la votre; la mienne ayant été Gare du Nord - un choc. Sans Rouch, pas de Claire Denis… 

Jean-Pierre Simard le 29/10/19


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