Frotti-frotta, le gratte-sillon musical de la semaine en six albums…
Congo Revolution, Art Ensemble of Chicago Lake Haze, Et Hån Mot Overklassen, Portico Quartet et Yukihiro Takahashi … Quel point commun entre ces albums sortis et à sortir ? Seul celui de nous avoir fait appuyer sur la touche Replay… On vous en donne juste de quoi vous donner envie.
Congo Revolution – Revolutionary and Evolutionary Sounds from the Two Congos 1955-62, (Soul Jazz)
La musique congolaise entre 1955 et 1962, à l’honneur avec la sortie d’une compilation en édition double vinyle. Intitulée « Congo Revolution – Revolutionary and Evolutionary Sounds from the two Congos 1955-62 », Elle rassemble 21 morceaux provenant aussi bien de la République démocratique du Congo (de son nom actuel) que de la République du Congo qui englobent le son de la rumba congolaise dans toute sa diversité, ce genre puisant ses influences dans le jazz, la musique latine et les traditions musicales africaines. Soul Jazz précise que la compilation retrace l’évolution de la musique et de l’histoire des deux Congos, et comment la musique, la politique et la culture populaire se sont croisés au moment de l’indépendance des deux pays.
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The Art Ensemble of Chicago – We Are On the Edge: A 50th Anniversary Celebration (2019 ECM)
Fondé en 1969, l’Art Ensemble of Chicago, ultime représentant de la Great Black Music, célèbre son 50e anniversaire avec un double album dont l'un a été enregistré en direct au Edgefest à Ann Harbor, Michigan. Actuellement composé de 18 membres, le groupe s’offre comme une nouvelle constellation créative, avec les précieux ajouts que sont la flûtiste Nicole Mitchell, le violoncelliste Tomeka Reid, l'expérimentaliste/activiste Moor Mother, le trompettiste Hugh Ragin, les bassistes Junius Paul et Jaribu Shahid. Ce disque de retour très attendu comprend nouveau matériel et réorchestrations de vieux airs, avec deux de ses fondateurs à la barre : Roscoe Mitchell et Famoudou Don Moye. Il est dédié aux membres d'origine qui sont déjà partis : Lester Bowie, Malachi Favors et Joseph Jarman. Parfaite introduction, autant pour les novices que les fans, avec la découverte de nouveaux partenaires. Mais rassurez-vous, le son intrigue toujours autant qu’il groove.
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Et Hån Mot Overklassen - Bushman’s Revenge - (2019) Hubro records
Bushman's Revenge est le premier album sur le label Hubro du trio vedette du label Rune Grammofon depuis une décennie. Après un prélude hypnotique qui définit l’ambiance avec les glissandos délicats de la guitare d'Even Helte Hermansen contre les tambours battus de Pink Floyd de Gard Nilssen et la réticence exceptionnelle, Les mesures élégamment dansantes de la basse électrique de Rune Nergaard, Et Hån Mot Overklassen (que Google Translate interprète comme "A Mockery of the Upper Class") commencent à se transformer en une forme de jazz-rock incroyablement virtuose ; les instruments sonnent à peu près comme la guitare, la basse et la batterie, et les premiers morceaux suivent un modèle jazz reconnaissable de thème/impro/thème. Puis, au fur et à mesure de l’album, les choses évoluent au point qu’on ne sait plus qui joue quoi au milieu des sculptures sonores, des drones, des samples et du blues retrouvé. Décoiffant !
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Lake Haze - Glitching Dreams (2019) E-Beamz records
Basé aux Pays-Bas, Gonçalo Salgado, d'origine portugaise, explore une techno nostalgique filtrée, à la Drexciya, sous le nom de Lake Haze depuis début 2010. Ce zélateur de duo de Detroit devait bouger pour durer et c’est le propos de cet album qui ajoute à sa palette habituellement hard techno, une bonne dose d'IDM des années 90. C'est ainsi que l'on trouve un beat à la μ-Ziq sur Memory_Card. Ailleurs, on fait signe à Autechre Plant_Dust, plein de bruits de modem brouillés), Plaid, et bien sûr Aphex Twin, dont le travail d'ambiance nostalgique plane sur une bonne partie de la section rythmique de l'album. Salgado garde cependant une touche de légèreté, mettant l'accent sur une approche pop, pleine de mélodies ouvertes. Dog_Walking_in_the_Park avec sa mélodie de synthé mémorable aurait sa place dans une production pop, s’il n’offrait un son acide quiet fait tout le sel. Si Molecular_Processing est le seul titre à délivrer un beat en quatre-quatre, il reste un peu de gravier à l’écoute et l'album s’avère assez différent de ses anciennes productions. Keep on groovin boyo !
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Yukihiro Takahashi - Saravah ! - Wewantsounds records
Saravah!, le premier album solo de Yukihiro Takahashi, est l'un des albums japonais les plus marquants des années 70, sorti en 1978 à un moment clé où, après son passage chez Sadistic Mika Band, Takahashi vient juste de rejoindre le Yellow Magic Orchestra. Mix sophistiqué de disco funk, synthpop, d'ambient, d'exotica et de bossanova, l’album a les allures classieuses d’une virée nocturne dans le Paris des années 70 et forme le chaînon manquant entre la scène city pop de la fin des années 70 et l’ère synthétique de YMO qui était sur le point de révolutionner la scène musicale. Takahashi puise son inspiration en France dans l’oeuvre de l’artiste et producteur français Pierre Barouh, qui avait introduit la bossanova en France en 1966 avec "Samba Saravah" et avait ensuite lancé Saravah Records. L’album commence par deux classiques italiens et français -"Volare" et "C'est Si Bon" - réarrangés en mode exotica avec de subtiles touches de synthétiseur, tandis que "Saravah!" clin d'oeil direct à Pierre Barouh, a l’allure d’une bossanova suave avec de superbes arrangements pour cordes signés par Ryuichi Sakamoto. Saravah! se termine sur une note parfaite avec le magnifique Present, une chanson pop parfaitement conçue dans un mode city pop. Album sophistiqué plein de fun, Saravah! donne un aperçu unique du caractère versatile des musiciens de YMO sous l’égide de Yukihiro Takahashi au moment clé où les trois musiciens allaient passer à un son dominé par les synthétiseurs.
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Portico Quartet - Memory Streams - Gondwana Records
Depuis sa naissance et 2005, la formation britannique occupe une place à part dans la nouvelle scène jazz anglaise. Repéré par Peter Gabriel qui l’a signé sur Real World, le groupe a rapidement attiré les projecteurs sur lui, avec son jazz bardé de post-rock et de sonorités ethniques ou sérielles. De Radiohead au label ECM, d’E.S.T. à Steve Reich, en passant par le dubstep de Burial ou l’ambient de Brian Eno, Portico Quartet joue dans la cour des grands.
« Pour le pire ou le meilleur », précise leur batteur Duncan Bellamy : « nous avons toujours été un groupe plutôt isolé des autres. Nous ne nous sommes jamais vraiment sentis liés à aucune scène depuis le premier jour où nous avons commencé à faire de la musique. »
En cela, Memory Streams qui paraît sur le label mancunien Gondwana Records, reste enraciné dans ses valeurs et ses influences. Pour le saxophoniste Jacky Wyllie, ce cinquième album « représente, plus que n’importe quel autre album avant lui, l’identité du groupe et incarne la mémoire de la trajectoire prise depuis douze ans. »
Vous trouvez donc ici, un résumé de ce qui a tourné sur nos platines/ordinateurs cette semaine. Mais, comme on aime bien garder des petits secrets, le reste de qui nous a passionné, vous le lirez dans les semaines à venir parmi des chroniques d’un format plus usuel.
Jean-Pierre Simard le 11/10/19
Congo Revolution – Revolutionary and Evolutionary Sounds from the Two Congos 1955-62, (Soul Jazz)
The Art Ensemble of Chicago – We Are On the Edge: A 50th Anniversary Celebration (2019 ECM),
Et Hån Mot Overklassen - Bushman’s Revenge - (2019) Hubro records,
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Portico Quartet - Memory Streams - Gondwana Records