Conan en BD, plus proche de l'original d'Howard que Schwarzy en slip léopard
Si l'on ne retient généralement que les grognements et l'image du slip léopard de Schwarzy pour les élucubrations hollywoodiennes bas du front de Conan, ça risque de changer un peu avec l'arrivée de la BD, plus fidèle aux récits de Robert E. Howard. Le pourquoi du comment suit.
Conan le Cimmérien, plus connu sous le surnom du « barbare » ou du « destructeur », reste bien un colosse en slip de fourrure, personnage tout en muscles, mais grâce aux textes de Robert E. Howard adaptés dans une série de bandes dessinées, on s'oigne vraiment de la caricature cinématographique. Le scénariste Jean-David Morvan et le spécialiste de l’oeuvre de Howard, Patrice Louinet dirigent la collection d’une quinzaine de volumes , dont quatre à paraître en 2018. Leur idée est bien de repartir des nouvelles parues aux États-Unis dans la revue Weird Tales à partit de 1932. Des aventures sans aucun autre lien entre elles, si ce n’est le héros : Conan.
Ce guerrier puissant, né aux confins des mondes civilisés, et qui n’entend donc pas grand-chose aux moeurs des villes et des princes. Un homme qui ne s’attache guère, ni aux amis, ni encore moins à des femmes. Un guerrier errant, qui aime l’action, et dont la seule obsession est de survivre dans un monde hostile, largement inspiré de la mythologie babylonienne. Mais aussi des récits cauchemardesques de H.P. Lovecraft, contemporain de Robert Howard.
Cela est parfaitement expliqué dans les dossiers accompagnant les deux premiers volumes à sortir, ce début mai. Le premier est signé Jean-David Morvan et dessiné par Pierre Alary (Silas Corey, Mon traître...). La Reine de la Côte noire n’est pas la toute première histoire de Conan, mais peu importe, puisque les nouvelles de Howard sont toutes indépendantes. On y découvre un mercenaire tête brûlée, qui offre sa lame et son coeur à une princesse pirate, pour vivre avec elle une quête périlleuse. Côté aventure et combat, on est servi, et le style dynamique très chaleureux de Pierre Alary fait mouche, allégeant un peu la prose tout de même un peu datée d’Howard. Globalement, outre ce texte parfois trop ampoulé, l’histoire se tient, tout en ambiance funeste et inquiétante. La question qui se pose est la suivante, pourquoi n'avoir pas toiletté" les propos ?
Le second volume à paraître en même temps est signé des auteurs de Bloc 109 et Le Roy de ribauds. Vincent Brugeas reprend ainsi Le Colosse noir, une histoire épique, dans laquelle Conan se fait chef de guerre et affronte des hordes de soldats manipulés par un sorcier immortel. Cela donne l’occasion à Ronan Toulhoat de brosser des scènes de bataille extrêmement spectaculaires, tout en restant lisibles et toujours dans l’esprit magique de l’histoire, dans un monde d’inspiration égyptienne. Efficace et sans chichis, on ne s’ennuie jamais; mais ça reste un peu bourrin, ce faisant.
Ce tome confirme aussi ce qu’on avait senti dans le premier : on est là pour se divertir en traversant des univers fantasmagoriques inquiétants en suivant un personnage tout en muscles, avec son slip et son couteau … Rien de trop subtil dans le scénario, et encore moins dans la psychologie (groumpf!) du héros-titre : ici, c’est l’aventure pour l’aventure, le blockbuster ( salé ou sucré le pop-corn?) par excellence. Peut-être que les prochains créateur (Mathieu Gabella et Anthony Jean, puis Robin Recht, ou encore Timothée Montaigne, Thierry Ségur, et, plus surprenant, Virginie Augustin) parviendront à insuffler un peu plus de leur vision personnelle à Conan. Pas certain, toutefois, que ce soit le projet. Mais quand bien même, il faut prendre cette collection pour ce qu’elle est : l’occasion de redécouvrir un pan important de la littérature de l’imaginaire du XXe siècle et l’apprécier comme un divertissement brutal et musclé, ce qui n’est pas déjà pas rien. Faire autrement risquerait sans doute de troubler les fans de Schwarzy qui en sont quand mêe la cible.
Maxime Duchamp le 3/05/18
Conan le Cimmérien #1 – La Reine de la Côte noire de Pierre Alary et Jean-David Morvan. éditions Glénat
Conan le Cimmérien #1 – Le Colosse noir de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, éditions Glénat