On a perdu le Tombeau des Lucioles avec Isao Takahata ce matin…
S'il est ici moins célèbre que son partenaire et co-fondateur du Studio Ghibli Hayao Miyazaki, Isao Takahata a néanmoins réalisé le merveilleux et très noir Tombeau des Lucioles. Rien que pour cela, il figure au panthéon du cinéma - et pas seulement d'animation. R.I.P monsieur Takahata.
C’était l’un des grands maîtres de l’animation japonaise. Isao Takahata, qui a fait pleurer des millions de spectateurs avec Le Tombeau des lucioles, est décédé jeudi à l’hôpital, ont annoncé les médias japonais ce vendredi matin. Selon Yahoo Japan, le cofondateur du studio Ghibli était affaibli par des problèmes cardiaques depuis l’été dernier. Il avait 82 ans. «C'est vrai, mais nous ne pouvons faire plus de commentaires car nous sommes en train de demander certaines précisions à ce sujet», a déclaré à l'AFP une porte-parole du Studio Ghibli.
C’est chez Toei Animation que Takahata rencontre son compère Hayao Miyazaki. Ensemble, ils créent le studio Ghibli en 1985, avec le producteur Toshio Suzuki. Outre Le Tombeau des lucioles, sur le destin tragique d’un frère et d’une sœur orphelins après le bombardement de Kobe, il réalise notamment Pompoko et Mes Voisins les Yamada. Après un long break, il revient à la réalisation en 2013 avec Le Conte de la princesse Kaguya, nommé aux Oscars.
Après Paul Grimault et Prévert pour Le Roi et l'Oiseau (d'après Andersen), on notera que Isao Takahata et son compère Hayao Miyazaki ont tout fait pour déniaiser les enfants en partant de thématiques aussi politiques qu'écologiques. A l'inverse de la purée Disney, Ghibli a créé un fantastique flirtant avec l'horreur la plus profonde (de Mononoke au Voyage de Shihiro en passant bien sûr par le Tombeau des Lucioles), sans jamais en enlever les composantes magiques. Loin de tout puritanisme WASP, c'est toujours bon de le rappeler car, malgré les réseaux sociaux, le monde n'est ni binaire ni uni-dimensionnel. CQFD !
Jean-Pierre Simard le 6/04/18