Blank Generation en quadra convaincant par les Voidoids
Bizarrerie du calendrier, on célèbre les 40 ans de l'album de Richard Hell, quelques mois avant la célébration des événements de Mai. L'ovni discographique punk us ressort agrémenté de Face B, singles inédits, alternate takes, live et autres joyeusetées… Du bon, du très bon même.
Les Voidoids, groupe de Richard Hell avec Robert Quine, Ivan Julian, et Marc Bell se voient offrir une rééditions augmentée pour fêter les 40 ans de la sortie d'un des albums parmi les plus marquant du punk américain, sorti à l'origine sur Sire Records en 1977. Le son de NEw York à la fois crade et vengeur, romantique et cynique, avant-gardiste et rock ultra-normé.
Après avoir fait partie de Television et des Heartbreakers, bon poète et parolier, mais bassiste du même calibre que Sid Vicious ( à peu près) Richard Hell a enfin monté son groupe fin 75, avec des musiciens plus que capables, des pointures comme Quine et Julien et fini par réussir à enregistrer une bombe, qu'on attendait depuis des années, les autres ténors de la scène l'ayant tous fait à ce moment-là , de son ex-acolyte Tom Verlaine à Patti Smith
Blank Generation ressort donc remastérisé de frais avec - c'était une éditions au départ prévue uniquement pour le Disquaire day - son lot de bonus, de prises alternatives de bootlegs rares et de live des Voidoids, surpris début 1976 au CBGB. Le livret enrichi aux hormones nous sert les notes et photos des carnets de Hell de l'époque et des photos inédites de Roberta Bayley, tout comme une interview de Julian par Hell.
S'il ne vous fallait qu'un album punk new-yorkais de la période, vous auriez tout faux, car il vous faudra à la fois le Horses de Patti Smith, le Marquee Moon de Television et celui-ci. A croire que Hell, en écrivant le tube et l'album éponyme (dans ses moments de lucidité, il était connu pour ses dérives à la seringue) a voulu faire à l'inverse de Tom Verlaine et Patti Smith, le premier coltranien, le second raimbaldien pour balancer toute la crasse new-yorkaise des junkies en s'en moquant de surcroît. Blank Generation versus Gloria et Marquee Moon. Il a bien été le seul à y parvenir et en faire un tube, là où les précédents Hearthbreakers n'avaient pas franchi le cap du succès underground. Aux envolées de guitare de Verlaine et Kaye, répondaient celles de Quine, en beaucoup plus violent et malsain, plus concis aussi. Le manifeste des punks singeait l'amour ( qui n'arrive qu'en gouttelettes de foutre, le moment présent dont on ne peut sortir, même si on en a envie : The Blank generation you can't take it or leave it each time. Coupant comme une lame de rasoir prête à séparer les rails de poudre, méchant comme un junkie ne manque, sale comme un squatt - mais historiquement exact. Foutrement vrai ! C'est son bonheur, même 40 ans après. (Volez-le où vous pourrez … !) Il est quelque fois bon d'aimer la poésie des rats des villes.
Jean-Pierre Simard le 20/02/18
Richard Hell & The Voidoids - Blank Generation - Sire Records