Lapinot envisage le monde comme un peu moins pourri…
La dernière fois, il y a 13 ans de cela, Lapinot avait mouru … Mais, magie de la BD et de Lewis Trondheim réunis - il revient. Toujours en tracas, toujours à l'affût, mais un peu plus zen, même si cette résurrection n'est pas exactement de tout repos. Les bonnes histoires ont toutes des rebonds - quoi de mieux pour faire vivre vraiment un lapin que lui filer des soubresauts - quantiques même !
Cette fois, Lapinot rumine sa rupture avec son ex, Nadia, une journaliste en quête de scoops. À ses côtés, Richard, toujours prêt à lui remonter le moral, en engendrant une bonne petite catastrophe. Par exemple. Là, ça va être la rencontre avec un vieux garçon qui prétend voir les auras des gens planant au-dessus d’eux. La visualisation du fond de leur être, gentil ou méchant. Excitant et flippant. Et ce n’est que le début des déboires.
Il était mort, il ne l’est plus. Pourquoi? On ne sait pas. Et finalement, on s’en moque. Lapinot est de retour et c’est tout ce qui compte, et on le retrouve dans presque les mêmes dispositions qu’il y a 13 ans : bienveillant, pince-sans-rire, manquant de confiance en lui, fidèle en amitié, courageux et ouvert sur le monde. Un vrai héros, et les héros ne meurent jamais, surtout en BD. La seule différence en réalité, c’est qu’il vit ses Nouvelles Aventures à l’Association, là où il est né avant de s’épanouir chez Dargaud. L’Asso a donc créé une collection ad hoc pour lui, 48CC, pour « 48 pages cartonné couleur », un standard contre lequel le petit éditeur indépendant s’était construit… Un pied de nez anecdotique. Car ce qui est intéressant ici, c’est que Lewis Trondheim n’a pas perdu la main et qu’il réussit une nouvelle fois à construire une aventure contemporaine, aux ressorts fantaisistes sur une toile de fond réaliste, avec des dialogues malins et un sens féroce de la vanne qui fait du bien. Des résurrections comme celle-là, on en célébrerait bien à toutes les rentrées.
Dans cette nouvelle aventure qui nous promet Un monde un peu meilleur, on suit Lewis Trondheim les yeux fermés, et c'est bien là tout le plaisir du lecteur que de toujours se laisser prendre aux facéties de cet auteur malicieux qui s'amuse à vous regarder lire autant qu'il s'amuse lui-même à raconter.
Jean-Pierre Simard le 4/09/17 (avec Bodoï)
Les Nouvelles Aventures de Lapinot- Un monde un peu meilleur - 1 de Lewis Trondheim
Editions L'Association, Collection48CC