Plus actif aujourd'hui comme technicien du son, en portant les trois casquettes d'ingénieur du son, de responsable mastering et de mixeur, Keith Tenniswood reste un pilier de l'underground musical londonien. Une place développée depuis presque 20 ans. D'abord comme ingénieur du son du studio Sabres of Paradise, puis directement aux côtés d'Andrew Weatherall avec Two Lone Swordsmen, un groupe météorique de la scène dance anglaise ; puis en solo, avec son nom emprunté aux Simpsons. Aussi à l'aise dans la techno, le dub que le psychobilly il a fondé le label Control Tower avec the Dexorcist (Simon Brown). Luxury Sky Garden est son cinquième album solo qui continue à innover sans s'attacher à une scène particulière en n'en négligeant aucune.

Radioactive Man est enraciné dans l'électro, et ce cinquième envoi ne déroge en rien au propos en fouillant dans les recoins du son au fil de ses dix titres. Mais comme l'album n'a pas encore de clips, on vous en offre de plus anciens, qui ont tous du mérite… 

 Begone, Vile Creature et Fountain of Wine sont construits autour de sub bass à rendre jaloux le moindre morceau de trip hop de Dave Tripper, quand les paysages glacés du morceau-titre, Deep Space Habitat, par contraste, semblent quasiment en apesanteur. Sonic Portal et Serving Suggestion jouent eux dans la cour du son de Detroit; quand les beats barrés et le synthé spatial de Jetstream  s'inscrit en droite ligne dans la techno bleep des 80's.

Pourtant, le force de Tenniswood tient surtout à son agilité à programmer des beats évolutifs qui lui évitent de se faire enfermer dans une son reconnaissable. Blast Furnace est le titre le plus heavy du lot qui avance de manière mercuriale quand il aurait pu se contenter de bastonner hardcore. La batterie de Steve Chop sent bon le live avec son côté ample et funky, et les breakbeats jungle qui montent sur la fin le relancent avec un surplus d'énergie.

Des touches drum & bass de Steve Chop et Jommtones aux influences acid et hardcore de Ism Schism,  Luxury Sky Garden explore les sons du Londres contemporain en restant ancré dans l'histoire de l'électro. Mais Tenniswood n'oublie pas - cf. le titre de l'album piqué à une pub pour les appartements hors de prix du centre de Londres qui offrent des jardins en hauteur - qu'onpeut s'élever sans pour autant posséder…  Plus que recommandé.

Jean-Pierre Simard le 4/07/17

Radioactive Man - Luxury Sky Garden - Asking For Trouble records