Le Salone du Kondi Band assure, mais pas dans l'aventure
A vouloir sortir des albums tous les six mois, le filon de l'inspiration ne suit pas forcément. Reprenant les titre du EP Belle Wahalla, Salone tire au bout de la recette. C'est toujours bien vu, excellemment envoyé et ça évoque de nombreuses choses de l'Afrique actuelle. Mais on n'est finalement moins surpris que la première fois ou avec les remixes précédents. Même si la qualité reste au rendez-vous, on aurait carrément préféré de l'aventure, là c'est juste proprement balisé.
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On rappelle la recette : le kondi est le nom que donne les lokos de Sierra Leone au piano à pouce. Sorie Kondi est un musicien aveugle de naissance qui s’est ainsi baptisé en hommage à son instrument fétiche, fabriqué et amplifié par ses soins. A Freetown, où il habite, on le surnomme le Stevie Wonder africain, tant sa voix grave et veloutée et les mélodies et les rythmes qu’il tire des lamelles métalliques de son kondi inspirent et réjouissent ses compatriotes. Dans ses chansons il leur parle de leurs difficultés quotidiennes et des problèmes de société. Il les distrait et les fait réfléchir.
Le DJ et producteur américain Chief Boima a construit son style à travers l’influence des musique des clubs de Londres, Chicago ou des Caraïbes en y injectant des éléments venues de ses racines africaines. A travers les années il a collaboré en tant que producteur ou remixeur avec Afrikan Boy, Sinkane ou le duo de Hip Hop panaméen Los Rakas il dirige le label du collectif de djs de Brooklyn Dutty Artz et co-ordonne le blog Africa is a Country.
Lorsqu’en 2007, Il découvre la vidéo de « Without money, no family », que Sorie Kondi a posté sur le web, il tombe sous le charme et en réalise un remix abondamment relayé sur la toile. Un jour il reçoit un coup de fil du manager du musicien aveugle qui lui avoue le rêve de Sorie de venir jouer aux Etats Unis. Ce qui devient une réalité en 2012 après une fructueuse campagne kickstarter. Cette première tournée américaine ne compte que cinq dates, mais les deux musiciens, devenus complices, posent alors les bases de ce qui deviendra Belle Wahala, le premier envoi du Kondi Band pour Strut Records.
Chief Boima déclarait l'an passé : Cet album établit un lien direct entre la techno née dans les communautés noires américaines du Midwest où j’ai grandit et ses racines africaines. Sorie Kondi a beau jouer d’un instrument traditionnel acoustique de Sierra Leone, il pense la musique comme s’il était un producteur de techno.
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Pourtant, à l'écoute du vrai premier album, on se dit que la recette semble déjà un peu figée. L'Afrique se voit électro, à juste titre - ne déconnons pas - mais on aurait aimé un plus d'aventure et de prise de risque, au vu du son bien poli qui en résulte aujourd'hui. Bel album, bel effort, belle prod et super son. Quelle va être la prochaine figuration du projet ? La question se pose …
Jean-Pierre Simard le 6 juin 2017
Salone Kondi Bande, Strut Records