L’expression Mandela Effect fait allusion à des groupes de personnes croyant que Nelson Mandela était mort pendant son emprisonnement en Afrique du Sud. Or, en deçà de toute vraisemblance, le leader sud-africain était bien vivant… Gonjasufi s'en sert ici pour affirmer qu'on ne doit pas s'arrêter au mirages actuels proposés. Et sa réalité, comme la nôtre en 2017, est, pour le moins, tourmentée.

Habituellement solitaire dans sa démarche, Gonjasufi propose une nouvelle approche/inspiration créative, présentant sa seconde sortie en moins d’un an après Callus. On y découvre Daddy G de Massive Attack, Shabazz Palace, Tony Allen, Ras G, Anna Wise & Moor Mother qui viennent offrir leurs relectures/remodélisation de l'étouffoir, en y ajoutant quelques touches inédites pour affiner le propos.

De la reprise de Show de Beth Gibbons & Rustin Man, au remix hip hop mutant et futuriste de Maniac Depressant par Shabazz Palace, à la version électro-acoustique de The Conspiracy par Santino Romeri, celle, toute en sensualité de Your Maker par Anna Wise, à l'électro psyché de Vinaigrette par Dave Parley, ou encore la frappe afro-beat de Tony Allen sur Etherwave, ce Mandela Effect est une réussite de bout en bout.

Et tout ceci pour réaffirmer ce que nous disions de Callus l'an passé , à savoir : le voir comme un ultime album de hip-hop qui se perdrait en évitant les recettes usées pour se retrouver dans un avenir lointain et cataclysmique, ou encore comme un album de rock qui refuserait les genres à n’en privilégier aucun afin d’accoucher d’un nouveau son. Dans les deux cas, c’est probant. Un album marquant; miroir de cette année qui fait monter la colère pour voir qui la partage et où elle mène. (toujours) Prémonitoire ?

On vérifie cela, ce soir au Badaboum, n'est-il pas ?

Jean-Pierre Simard le 3/05/17

Gonjasufi - Mandela Effect - WARP
Gonjasufi en concert avec Skrapez le 3/05/17 à 20h.
 au Badaboum - 2bis, rue des Taillandiers 75011 Paris