King Ayisoba infuse d'électro son 1000 Can Die
La découverte l'an passé de King Ayisoba nous avait remué. Mais ce nouvel album a de quoi tenir les promesses du précédent avec un punch intact et des invités aussi variés qu'inattendus se nommant aussi bien Arnold de Boer de The Ex que Lee Perry, le sorcier du dub. Prêts pour de nouvelles aventures sur fond de beat furieux et de voix polies aux graviers ?
Apozora Ayisoba, plus connu au Ghana sous le pseudo de King Ayisoba, est devenu une star là-bas en modernisant les traditions. Lui qui vient du nord du pays a étudié le kologo, un luth traditionnel à deux cordes, avant même de marcher, à quatre ans. Il est ensuite parti à Accra, où il est devenu célèbre avec le tube ‘I Want to See You, My Father’. Il a depuis effectué de nombreuses tournées où il a découvert les sabots hollandais, des chaussures qu'il ne quitte plus, et s'est lié avec de nombreux musiciens aventureux pour faire évoluer sa musique. On retrouve toujours sa voix qui passe du plus rauque au suave selon les moments, ainsi que de nombreux et divers participants sur ce nouvel album.
Ainsi, le rocker batave Arnold de Boer (The Ex, Zea), son vieux complice, sur l'underground Wekana. Mais c'est au MC ghano-roumain Wanlov da Kubolor que le rasta doit la puissante diatribe d'ouverture Africa needs Africa, tornade de harangues nasillardes et de flow speed, de cordes tribales et de beats frénétiques, boostée par des claviers hypnotiques. Ailleurs, le reggaeman Lee Scratch Perry et le rappeur-producteur M3nsa revisitent l'esprit tradi-moderne du « hiplife », mélange ghanéen de hip-hop et de high life. Orlando Julius et Sakuto Yongo jouent également les apparitions, l'un au saxo, planant, l'autre avec un violon rudimentaire, apportant d'autres couleurs, aussi différentes qu'évidentes.
Si vous avez l'habitude d'un son africain cool et décontracté, ce Ghanéen va vous remuer les tripes d'une manière peu commune - mais groovy. C'est du lourd !
Jean-Pierre Simard
King Ayisoba – 1000 Can Die - Glitterbeat/Differ-ant