L'Orchestra Baobab remet le couvert dix ans après son dernier album
Dans le genre de groupe qui n'a plus rien à prouver, s'il en existe un au Sénégal, c'est bien l'immense Orchestra Baobab qui a créé la synthèse de choc des 70's, le croisement des sons de l'Afrique de l'Ouest avec les registres afro-cubains, à tel point qu'il en sont même devenus célèbres là-bas… Mais ce retour siglé 2017 offre d'autres avantages. Revue de détails.
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Pas de problème pour laisser passer dix ans entre deux albums pour l'Orchestra Baobab, le groupe sénégalais qui a fusionné l'Afrique de l'Ouest avec la musique afro-cubaine depuis les années 70. Après avoir sorti plus de 20 albums entre 70 et 1987, ils ont splitté pendant 15 ans. Ils se sont reformés en 2001, pour une tournée, au moment même où le label World Circuit ressortait leur classique Pirates Choice. De la tournée, surgit ensuite la tuerie Specialist in All Styles, avec de nouveaux titres, tous produit par Youssou N'Dour en 2002.
Plus de tournées, plus de vie de famille et de concerts à Dakar, et en 2008 on vit arriver Made in Dakar - et l'attente valait d'être supportée une fois encore. 47 ans d'existence ont vu passer pas mal de monde à bord, à commencer par le premier chanteur wolof, décédé dans un accident de voiture en 1974… Pour le remplacer, les deux autres chanteurs de Casamance, Balla Sidibe et Rudy Gomis, engagèrent Ndiouga Dieng, à qui cet album rend hommage. Poste qu'il tint jusqu'à son décès en 2016 ; il est ici remplacé par son fils.
Le guitariste fondateur togolais Barthelemy Attisso, les a aussi quittés, pour poursuivre une carrière d'avocat. Mais on trouve toujours au sein de la formation Sidibe, Gomis, les saxophonistes Issa Cissoko et Thierno Koite, et la section rythmique composée du bassiste Charlie Ndiaye et du joueur de congas Mountaga Koite. (Sidibe joue aussi des timbales.) Le nouveau guitariste rythmique (en provenance du groupe de Youssou l'Etoile de Dakar Yahya Fall rejoint la section avec Oumar Sow et Rene Sowatche. Et, pour le changement de son, on entend pour la première fois une kora dans le groupe avec celle de Abdouleye Cissoko, comme on entend aussi le nouveau tromboniste Wilfried Zinzou.
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Tout l'intérêt de cet album est qu'il n'attaque pas bille en tête, mais entretient les braises en continu comme avec le délicieux morceau d'ouverture “Foulo” construit sur un échange guitare-kora avec des cuivres en velours et des percussions discrètes, et les chanteurs qui se placent juste au dessus de la section de cuivres. Le single “Fayinkounko,” suit avec des cuivres R&B, des percussions hypnotiques et une basse bien dub. “Natalia” s'avère un son bien cubain, rehaussé de saxo sensuel et de lignes de guitare punchy qui sont contrastées par la kora. L'ex-membre du Baobab, devenu superstar, Thione Seck rejoint ensuite le groupe pour mieux entonner leur premier hit en commun d'autrefois, “Sey.” De la même manière, Cheikh Lo also officie sur “Magnokouto,” qui mixe Sénégal et patchanga. “Caravana” mêle rumba et boléro avec l'esprit des griots… Tribute to Ndiouga Dieng ouvre une nouvelle phase au groupe en développant et approfondissant les les éléments qui ont fait son succès. Et tous les éléments qui avaient fait du Boabab un groupe qui donne envie de danser sont bien présents, même s'ils ne présentent plus comme autrefois. Deeper, stronger : grand groupe qui reste un must dans son évolution.
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Jean-Pierre Simard le 5/04/17
Orchestra Baobab – Tribute to Ndiouga Dieng - World Circuit