La côte sud de Niigata est située au nord de la Mer du Japon. Dans, cette région, plusieurs villages ont sombré dans la mer à cause de l'érosion côtière, le Namikake, en langue régionale. C'est là qu'Arito Nishiki a décidé de photographier un paysage toujours changeant qui se reconfigure selon les saisons et en suivant l'érosion. Splendeur annoncée.

Sur cette côte, la profondeur de la nuit oblige à accommoder longuement sa vision. Une fois la mise au point faite, mes yeux découvrent de gros rochers, un phare, des arbres et, neige et mer mêlées me sautent aux yeux en brouillant ma vision. Toutes ces images qui existaient avant moi dans la nuit me sautent soudain au visage.

On dirait que ce paysage qui n'était pas là auparavant ne se révèle qu'au moment où je me décide à le photographier. L'érosion côtière continuelle fait varier incessamment le paysage. Elle n'est pas une manifestation quelconque, elle se présente chaque fois comme quelque chose de nouveau, une nouvelle origine surgissante. A chaque cliché, une nouvelle forme surgit de la nuit.

A cet endroit, je me suis senti tiraillé entre existence et récréation. Cette ambiguïté, merci à l'érosion, symbolise que la ligne de côte sera toujours mouvante et ma série Namikake, le reflet de mes sensations au cours de cet hiver aussi maritime que neigeux.

Texte et photos de Arito Nishiki 2015

Arito Nishiki est un photographe japonais qui collectionne les récompenses depuis deux, trois ans avec sa série Namikake depuis sa réalisation en 2015. Ses autres projets, s'ils ne sont pas aussi somptueux, tablent toujours sur l'instant décisif de Cartier Bresson qui se donne dans l'instant et le surgissement simultané de la photo et de ce qu'elle photographie. A la différence notable que les clichés de Nishiki englobent une autre réalité, celle délirante du réchauffement climatique et de l'envahissement de la nature par l'homme. Pour l'instant sans contrepartie…

Jean-Pierre Simard (avec LensCulture) le 21/04/17

Namikake d'Arito Nhishiki

En savoir plus sur l'artiste, ici