Roger Raspail et la venue du Gwoka à Paris : un boulevard !
Plus de 40 ans que Roger Raspail insuffle le gwoka de la Guadeloupe à ses contemporains. De Pierre Akendengue à Cesaria Evora, Chico Freeman ou Papa Wemba, il a inventé pour eux de nouvelles couleurs sonores sans jamais altérer son identité musicale ancestrale. Ce maître rythmicien semblait avoir mis en sommeil ses propres productions, mais l’envie d’exprimer toute la diversité de son art donna lieu à Dalva, son 2ème album en… 20 ans !
Pour mettre au point un répertoire ouvert sur le monde, Roger Raspail a fait appel à des amis reflétant la myriade de cultures caribéennes dont il a su dessiner les contours au fil des décennies. Entouré de Alain Jean-Marie au piano, du violoncelliste Vincent Segal, du bassiste Patrice Caratini, ou encore du poète et chanteur trinidadien Anthony Joseph, le maestro donne le tempo et imprime l’écho de ses ancêtres antillais.
Derrière ces nouvelles compositions, un engagement citoyen poind. Être Guadeloupéen suppose une compréhension et un regard acéré de l’histoire du peuple noir et savoir manier le tambour Ka ne relève pas seulement d’une virtuosité artistique indéniable, mais transmet un patrimoine et affirme l'appartenance à une aventure humaine séculaire qui débuta dans la douleur de l’esclavage pour parvenir à l’émancipation et l’épanouissement expressif des populations de la Caraïbe.
Vingt ans après son premier album Fanny's Dream, l'artiste a sorti Dalva, le 3 mars dernier sur le label Heavenly Sweetness, un condensé jouissif de toute la richesse de son univers musical pour lequel il a invité une kyrielle de compagnons de route.
Maxime Duchamps
Roger Raspail - Dalva - Heavenly Sweetness