Le Désamour blafard et lubrifié de l'Angleterre par Michael Grieve
Michael Grieve est parti en chasse avec ses objectifs dans l'Angleterre moite et poussiéreuse des échangistes: à l'arrière des clubs de strip-tease et sur les plateaux des tournages porno. Son témoignage "Désamour" (no love lost) dévoile un univers au plus loin du sexy. Pour le moins.
Je suis au plus mauvais endroit de l'amour,
un endroit éblouissant:
"L'endroit le plus sombre,
selon un proverbe chinois,
est toujours directement
sous le faisceau de la lampe." (Reik)
Roland Barthes - Fragment d'un discours amoureux
No Love Lost (Désamour) est un projet visuel qui explore les environnements sexués de l'Angleterre contemporaine. Les participants sont tous partie prenante de ce monde enchevêtré qui comprend pornographie, prostitution et strip-tease. Tous partagent un semblant de proximité psychologique qui n'est en fait qu'une proximité physique sans lien affectif. Les fantasmes sont surjoués par contrainte et les rapprochements interdits. La menace n'est jamais loin et le contrôle omniprésent. Toutes ces scènes sont émotionnellement fortes, à la fois côté plastique et côté primitif, mais c'est juste parce la vie y suinte par tous les pores.
Par essence, Désamour (No Love Lost) est un travail complexe qui aborde l'intimité et sa dislocation dans un théâtre de commodités sexuelles. Celui-ci ne tend pas à se faire statistique documentaire, mais métaphore lyrique dans un monde factuel qui privilégie les rencontres fictionnelles et qui évoque la difficulté de connections véritables dans un environnement spirituellement vacant .
Michael Grieve (texte et photos)
J-P Simard traduction et adaptation
Désamour / No Love Lost de Michael Grieve
plus sur son travail, ici