Michael Head dit superbement adieu au Senor Pussycat
Des deux frangins Head des Pale Fountains qui défiaient le monde avec des mélodies qui faisaient fondre les rues de Liverpool, puis du monde, il ne reste aujourd'hui que l'aîné, Michael passé par Shack et autres joyeusetés avant de renaître avec le Red Elastic band et balancer une nouvelle tuerie soyeuse et sans âge. Lui, c'est 55 au compteur. Etat des lieux en état de grâce…
Comme le dit Emmanuel Tellier : ce mec qu'il soit accro à sa seringue, regarde le foot à la télé ou n'en branle pas une, à un moment donné, il choppe sa six cordes et envoie le bois, avant d'envisager des cordes, des cuivres et des percus qui tombent avec parcimonie mais toujours idéalement placées.. A tuer la voix, on ajoute. Comme un exercice sans fil, sans filet et sans forcer. D'où peut bien sortir cette délicatesse à qui on a refilé en plus un sens de la mélodie accrocheuse, du rythme qui fait mouche et des arrangements esquissés qui n'en font jamais trop? C'est un truc assez courant là-bas, souvenez-vous de quelques prédécesseurs pop, comme le mec qui a donné son nom à l'aéroport du coin, à son pote McCartney, ou à l'autre explosé des La's, dispersé façon puzzle…
Cela devrait être interdit d’être aussi doué. Ce mec nous tire vers un magnifique passé, celui d'une pop qui n'oublie jamais de sonner 60's et après, sans jamais faire mièvre ni passéiste et se permet de mouliner des trucs (hymnes ?) impossibles à d'autres: les faire sonner contemporain - par les thèmes abordés ou l'habillage ambient qui ne saurait sortir du passé. Alors, OK Liverpool et sa marque de fabrique, Michael Head et son don particulier d'enchanteur qui connait tous les classiques de la six cordes boisée, du son électrique et des arrangements ciblés côté Love et Byrds (cf. la reprise de leur version de Wild Mountain Thyme).
Et comme tout le monde y va de son couplet sur la lose de la famille Head, on va éviter de s'apitoyer, car à chaque renaissance, tout est pardonné et c'est son affaire, après tout…
Je vous évite le titre à titre ( regardez le papier de Tellier pour cela, il est parfait) mais je rajoute que ce truc transporte loin, fait oublier le marasme ambiant et nous ramène à un état juvénile assez dur à oublier. Head ou l'adolescence éternelle, dans le feeling c'est sûr. Pour ses marasmes et divers addictions passés, moins … Un grand disque pullman qui transporte en douceur, un album qui fera date.
Jean-Pierre Simard le 23/10/17
Michael Head & The Red Elastic Band - Adios Senor Pussycat - Violette Records