Moondog relu par Cabaret Contemporain, à entendre entre les lignes de fuite
D'un registre l'autre ou encore du transcodage musical bien compris. Cabaret Contemporain séduit là où beaucoup ont pêché par excès de zèle. Ainsi, de Deep Purple relou avec grand orchestre, de Jeff Mills en manque de répétition avec le même procédé. A mieux regarder, on préfère Charlie Parker avec des cordes, le Forever Changes de Love ou plus proche, leur pote Arnaud Rebotini avec Christian Zanési… Mais pourquoi tant de haine ?
Carl Craig réussissant la jonction jazz et techno chez Gilles Peterson est un autre équivalent du travail de Cabaret Contemporain qui multiplie les angles d'attaque depuis sa formation en 2012. Le groupe parisien est un quintet qui joue souvent de la musique électro à partir de compositions classiques avec des instruments acoustiques préparés, d'où leur singularité avec guitare électrique, piano, batterie et deux contrebasses pour des relectures percutantes et hautement groovy sur scène de John Cage Project avec Etienne Jaumet, Terry Riley revisité avec Chateau flight, The Man Machine avec Linda Olah et, ce printemps, de Moondog avec Linda Olah et Isabel Sörling qui nous occupe.
Moondog, vous connaissez car on en a déjà parlé à l'occasion de la sortie d'une bio par Amaury Cornut chez Le Mot et le Reste, et aussi pour le 50 Couplets paru ce printemps chez Lenka Lente, ou ne serait-ce que pour le tube qu'en avait fait DJ Scruff en samplant son Bird's Lament sur Get a Move On dédié à Charlie Parker. Musicien de jazz qui s'éloigne peu à peu des modes de compositions afro-américains pour aller fouiller la musique pré-baroque et remettre à l'ordre du jour fugues, canons, motets et contrepoint, dans la droite ligne de Monteverdi et Palestrina pour en faire de la musique contemporaine. Et pour l'avoir vu en concert, c'était vraiment aussi somptueux que spectaculaire.
Fabrizio Rat, Giani Caserotto, Julien Loutelier, Ronan Courty, Simon Drappier, Pierre Favrez et les deux chanteuses Linda Olah et Isabel Sörling ont décortiqué l'œuvre de Louis Harding pour la rendre audible à un public du XXI e en gardant les intentions, tout en restant au plus proche des compositions. Et tout le charme qui en ressort est que cela sonne presque comme du rock indé ( tour de force !). Après le minimalisme de Cage et de Riley, la robotique de Kraftwerk qui, vue en concert l'hiver dernier avec Acid Arab au 104 faisait trembler les murs et danser les cœurs et les culs à l'unisson, on se demande ce que cela peut donner sur scène.
La réponse existe, il tournent. A vous d'accrocher votre wagon à l'un des projets les plus excitants du moment. Checkez les dates sur leur page FB, l'album est sorti chez Sub Rosa.
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Moondog par Cabaret Contemporain avec Linda Olah et Isabel Sörling ( Sub Rosa)