Pour une littérature de combat
Le livre comme arme de poing et comme rituel martial, métaphoriquement ou non.
Publié en mai 2012 dans la collection Graphes, dédiée aux nouvelles formes d’écriture, des éditions HYX, découvert à l’occasion de la sortie en français de l’excellent « Ligatura » de Steve Tomasula en 2013 aux mêmes éditions, ce manuel de combat qui est aussi une arme de poing, comme il est annoncé dès sa couverture, représente la synthèse vertigineuse et hilarante des travaux réalisés par l’artiste conceptuel Yves Duranthon au sein de son Bookfighting Club.
Vous avez entre les mains un objet unique, livre et manuel mais aussi arme de combat au sens le plus strict. Refermez-le immédiatement, brandissez-le et lancez-le avec force. Si vous ne pouvez vous résoudre à commettre un tel acte (pour le moment en tout cas, car ce manuel a pour objet de vous en convaincre), interrompez néanmoins votre lecture et jetez un regard alentour afin d’en mesurer la portée sur votre environnement et votre entourage.
Où êtes-vous ? Confortablement installé chez vous ? Si c’est le cas, le lancer de ce manuel créera immédiatement du désordre et des dégâts matériels. Dans un espace public ? Avec des proches ? Des amis, de la famille ? Dans une bibliothèque ? Dans la rue ? Essayez d’imaginer quelques instants ces différentes situations et les conséquences d’un geste qui apparaîtra, selon les avis, déplacé, choquant, violent, agressif… mais certainement jamais anodin.
Dans les pages qui suivent, il sera non seulement question de manipuler ce manuel mais aussi tous les livres, aussi prestigieux soient-ils.
Art de combat iconoclaste s’il en est, usant de la métaphore artistique et de l’imagination pour développer tout un univers sportif, mêlant des codes issus du paintball, de l’escrime, de la balle au prisonnier, du kendo et de l’improvisation théâtrale à des arrière-pensées propres au livre culte de Chuck Palahniuk, le bookfighting trouve ici sa bible, dans laquelle chaque lectrice ou chaque lecteur se délectera à, peut-être, séparer le réel du fictif, le prétendu du "ayant déjà pris place", le fantasme de l’outil à ouvrir les consciences.
Le Bookfighting se pratique en respectant certaines règles, comme nous le verrons plus loin. Jeune ou moins jeune, fille ou garçon, champion ou débutant, chacun peut s’y adonner en toute liberté. Refermez à présent ce manuel et placez votre pouce comme indiqué sur la couverture. Repliez la main au dos et saisissez l’objet avec fermeté. Brandissez-le et ajustez la position de votre corps afin d’accompagner le mouvement. Vous venez de faire vos premiers pas et d’acquérir la base de la pratique qui sera longuement commentée dans les pages qui suivent. L’univers du combat de livres s’ouvre maintenant à vous.
Procurez-vous d’urgence cet ouvrage objet d’art en action, et entrez dans le combat et dans la danse.
Le Bookfighting est pratiqué dans les plus grandes universités du monde avec assiduité et ferveur, au point qu’on a pu dire qu’il est par excellence le sport de l’élite intellectuelle. Harvard, Cambridge et Oxford entre autres ont su mettre en valeur la pratique du combat de livres. Rien d’étonnant donc à ce que les grands champions actuels proviennent de ces établissements.
Dans les universités américaines, il aurait même détrôné le basket et le football américain, considérés désormais comme primaires et manquant de référents culturels.
Pour l’acquisition des grades les plus élevés dans la pratique universitaire, les joueurs sont préalablement évalués sur leurs connaissances générales. Il en va ainsi de la manipulation des ouvrages qui sont lus et commentés avant que d’être lancés sur l’adversaire.
The Bookfighting Book de Yves Duranthon aux éditions HYX
Coup de cœur de Charybde2
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