L'AUTRE QUOTIDIEN

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Poussières d'étoiles de la Beat Generation sous le tapis de Beaubourg

Au sortir de Columbia et de la Deuxième Guerre mondiale, quelques étudiants notent que le monde n'est pas à leur goût. Ils décident de le changer par toutes les voies qu'ils peuvent - et les inventent via le roman, la poésie, la politique et la jeunesse. Il y a 75 ans, les Beatniks…

La Beat Generation est née à l’initiative de William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac qui se rencontrent à New York, à la Columbia University en 1944. Le mouvement se déplace ensuite sur la côte ouest et gravite autour de la librairie de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco, la maison d’édition City Lights et brièvement, autour de la Six Gallery où a lieu, le 7 octobre 1955, la célèbre lecture par Ginsberg de son poème Howl, qui donnera lieu à un retentissant procès pour obscénité et apportera aux poètes beat une célébrité paradoxale

 

Entre 1957 et 1963, Paris sera un des foyers essentiels de la Beat Generation : William Burroughs, Gregory Corso, Allen Ginsberg, Peter Orlovsky, Brion Gysin, etc. logent régulièrement au Beat Hotel, 9 rue Gît-Le-Coeur, haut lieu de la bohême du Paris d’après-guerre et un véritable laboratoire pour les expérimentations visuelles et sonores. C’est là en particulier que Brion Gysin, William Burroughs et Antony Balch développent la technique du «cut-up », que Burroughs écrit Naked Lunch, et que Brion Gysin invente sa Dreamachine.


Aux États-Unis, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers jours de la Guerre froide, l’émergence de cette Beat Generation « scandalisa » l’Amérique puritaine et maccarthyste et préfigura la libération culturelle, sexuelle et le mode de vie de la jeunesse des années 1960. D'abord perçus par la culture dominante comme des rebelles subversifs, les beats apparaissent aujourd’hui comme les acteurs d’un mouvement culturel parmi les plus importants du XXe siècle que le Centre Pompidou se propose de traverser, de New York à Los Angeles, de Paris à Tanger.

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L’exposition éclaire le mouvement beat dans un horizon élargi et protéiforme. Les pratiques artistiques de la Beat Generation - lectures, performances, concerts, films... - témoignent d’un décloisonnement des mediums et d’une volonté de collaboration qui met en question la notion de singularité artistique. À côté d’artistes plasticiens majeurs, en particulier issus de la scène artistique californienne (Wallace Berman, Bruce Conner, George Herms, Jay DeFeo, Jess…), une place importante est réservée à la dimension littéraire du mouvement, à la poésie parlée dans les relations qu’elle entretient avec le jazz, à la poésie noire américaine (LeRoi Jones, Bob Kaufman...). La photographie, essentiellement des portraits, d’Allen Ginsberg et de William Burroughs, mais aussi les ensembles de Robert Frank (Les Américains, From the bus…), de Fred McDarrah, de John Cohen, d’Harold Chapman, fait partie intégrante des médiums utilisés par la génération beat. Il en est de même pour le cinéma (Christopher MacLaine, Bruce Baillie, Stan Brakhage, Ron Rice...) dont la pratique a toujours accompagné les développements et l’histoire de ce mouvement.


Cette exposition exploite délibérément des modes de présentation des œuvres sonores et visuelles low tech (disques vinyles et tourne-disques, carrousels de diapositives, projecteurs 16 mm...). Elle illustre à quel point la Beat Generation, dans sa liberté d’expression, sa volonté de décloisonnement des disciplines et des cultures, son esthétique pauvre, extatique et contemplative, sa violence aussi, a conditionné les développements ultérieurs des contre-cultures contemporaines, dont elle apparaît comme l’origine et auxquelles elle permet de donner sens. Tout le Centre Pompidou  se met à l’heure de la Beat Generation à travers une programmation d’événements conçue avec la Bpi et l’Ircam, en écho à l’exposition : lecture, concerts, rencontre, cycle de films, colloque, programmation au Studio 13/16, etc.


A l'invitation du festival ManiFeste de l'IRCAM, Benoît Delbecq a pensé cette création collective évoquant l'œuvre de quelques-uns des auteurs-fondateurs (Ginsberg, Burroughs, Kerouac) de la Beat Generation.  Ces auteurs ont marqué la littérature et l'inconscient américains et ont rapidement traversé océans et continents pour marquer leur génération et les suivantes. Fanatiques des inventions des boppers à New York en un premier temps, s'inspirant du rythme et du placement des flux du be-bop naissant, ils concevaient également des machines à cut-up, des dispositifs sonores (voir l'expo !!!)... Aujourd'hui les Secret Heroes leur renvoient la balle en incrémentant et corrompant les logiciels de l'Ircam Improtek et Omax d'extraits detextes, en électrons-fantômes influant sur la musique qui s'invente en direct. 

En première partie, une lecture par Laurent Poitrenaud et Clothilde Hesme de Providence d'Olivier Cadiot (P.O.L.). Technique Ircam. 
Festival Manifeste 2016 / IRCAM Mercredi 22 Juin 2016 /Centre Georges Pompidou, Grande Salle, 20h30

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Beat Generation, du 22 juin au 3 octobre 2016, Centre Pompidou, Galerie 1, Niveau 6, 75191 Paris cedex 04. 01 44 78 12 33. Métro Hôtel de Ville, Rambuteau. Ouverte de 11 à 21h, tous les jours, sauf le mardi, 14 ou 11€. Valable le jour même pour le musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions. Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel).
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