Autrefois, Swans partageaient avec Sonic Youth, l’exigence du rock bruitiste à illuminer le désespoir. A épuiser des compagnes et des formations en créant furieusement, Gira s’est arrêté l’instant de monter son label pour parer à l’insuccès public. Depuis 2012, et avec « The Glowing Man », son quatorzième disque, il crée des vocations.

Michael Gira avait repris goût à l’expérimentation lors de la dernière tournée de Swans et ilpousse son chant de lamentations et ses prières païennes sur des morceaux étirés comme des veines jusqu’aux transes, la douleur ne bandoulière, lechamanisme du pros en avant . A62 ans, Giracreuse toujours, à travers « The Glowing Man », la terre qu’est la chair humaine, avec ses pousséesde fièvres et son blues mystique. Avec des guitares hachoirs et des batteries en balles, le résultat, tient en un acide lentqui ronge nos sensation intimes pour mettre à nu l’architecture intime.

The Glowing Manoffre une promenade interne sans soubresaut, dont les musiciens connaissent le parcoursavecsa trajectoire nocturne en suivant leur guide. On y distille les échos de Nick Cave, des rocks graisseux bien sudistes. Tout cela construit sur l’étirement qui alterne colère, morsures du serpent, beauté d’un autre monde pour faire tourner jusque’ à la cassure des sons, et des boucles sonores à n’en plus finir, qui s’infiltrent par l’obsession dans nos oreilles.

Mais l’album montre aussi Gira délaissant la brutalité pour la guerre psychologique. Plus facile d’accès, passés les deux premiers titres, ce quatorzième disque fait renaître Swans encore une fois, dans une puissance contrôlée et un plaisir très contagieux. Cela dit, Swans aime détruire et construireà partir de quasi rien cette matière brute, pour que l’introspection dure. A toujours faire surgir la beauté de l’ordure, on respire enfinla sagesse résidant dans cette violence qui cherche à tout prix la beauté, là où personne ne la voit.  Et là, c’est clair qu’elle s’offre sous de bizarres atours, mais elle s’offre. De bout en bout. Passionnant !

The Glowing Man - SwansYoung God Records/Mute