Mexrrissey : du rock indé, des mariachi et des cuivres enjôleurs
Des fans célèbres de Morrissey l'ont réarrangé à la mexicaine. Un genre qui tient autant de l'hommage que du best of inspiré. Et oui, ça tient foutrement bien la route. Ecoutez donc le comment du pourquoi …
Un des phénomènes les plus étranges concernant la culture mexicaine, c’est sa dévotion à Morrissey. Dit simplement, les mexicains ont tout bonnement adopté sa musique, c’est l’un des leurs. Avec son côté mélodramatique, il rejoint la tradition des chansons de rancheros et sa personnalité dramatique en mal d’amour fait vibrer chez eux une corde sensible. Camilo Lara du Mexican Institute of Sound et Sergio Mendoza de Calexico en sont deux fondus et leur projet Mexrrissey fait intervenir un casting all star de Mexicains rendant hommage à leur lointaine et si proche idole. D’abord uniquement envisagé comme groupe de scène, le projet n’a eu aucun mal à s’acclimater au studio, d’où ce nouvel album rendant hommage à l’homme et sa musique : No Manchester
Your browser doesn't support HTML5 audio
Les arrangements minutieux de Mendoza mixent allègrement instruments traditionnels comme accordéon, mariachi et cuivres à des instruments électroniques ; pendant que ceux de Lara sont plus punchy, et font vibrer les haut-parleurs. Le choix de titres est impeccable, qui sélectionne certains des meilleurs titres de Moz pour leur rendre justice.“First of the Gang to Die” (“El Primero del Gang”) lance l’album avec Chetes, le traitement latinisé de la musique lui donnant un sens encore plus dramatique. Bastida inverse les sexes sur une version citant “Tequila" de “The Last of the Famous International Playboys” devenant “International Playgirls” et lui injecte une dureté inhabituelle. Ailleurs, ce sont les cuivres qui font toute la saveur de “Every Day Is Like Sunday” (“Cada Dia Es Domingo”), avec une voix multitrackée qui se mêle magnifiquement à eux.
Your browser doesn't support HTML5 audio
La plupart des versions sont assez fidèles, mais collant à l’idiome rock indé anglais un parfum plus spécifiquement mexicain, qui en détourne quelquefois le propos, comme la version chantée par Adan Jodorowsky du“Me Choca Cuando Mis Amigos Triunfan” (“We Hate It When Our Friends Become Successful”) qui l’envoie comme une chanson de bar en fin de soirée, ou comme la version inspirée doo wop de B-Side du “Mexico”, qui s’envole comme un folk song spatial avec chœurs angéliques et harpe du même métal. Ce qui nous amène à dire que Lara et son gang d’amoureux fondus de Moz font bien honneur à leur héros.
No Manchester est un délice d’album du début à la fin, une friandise en forme d’hommage de la meilleure eau. Le bonus provenant de cinq titres live enregistrés lors d’un concert sauvage à New York, cela sonne moins bien en place, mais l’ambiance fait l’affaire et on se laisse emporter.
Mexrrissey – No Manchester (Cooking Vinyl 2016)