Une superbe relecture acide de la BO de Twin Peaks signée Xiu Xiu
Après le concert de Xiu Xiu à Beaubourg et les louanges au groupe de David Lynch en personne, voici que débarque la relecture complète de la musique de Twin Peaks, une B.O. emblématique s'il en est. Et de tout premier ordre qui plus est. Revue de détail.
La Queensland Gallery of Modern Art avait vraiment eu du flair en demandant à Xiu Xiu de jouer des reprises des thèmes de Twin Peaks à son exposition David Lynch en 2015. Affirmer que la troupe sexy sauvage de Jamie Stewart avait déjà quelque chose de lynchien n’apporte que peu au propos, sauf qu’on peut aussi ajouter que leur petit côté Angelo Badalamenti y fait notoirement quelque chose.
Le son du groupe est souvent très noir, même s’il possède aussi des atours kitch qui ne sont pas pour déplaire, tant le propos s’y prête. Ainsi du thème de‘Laura Palmer’ d’intro qui met le vibraphone en avant sur fond de nappes crissantes du plus bel effet.
De plus, le groupe s’est astreint à garder en avant les composantes du son qui ont fait la réputation de la BO, comme les deux notes de piano d’intro du ‘Dance Of The Dream Man’.
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Comme sur‘Packard’s Vision’, où le sempiternel vibraphone est utilisé comme terrain d’envol pour faire décoller le morceau sur fond de guitares grinçantes et de synthés en apesanteur.
On s’aperçoit alors que Xiu Xiu s’est réapproprié la bande son pour en faire sa chose, y insufflant des composantes et son énergie propre, relisant cela à l’aulne d’une autre dynamique des changements de ton. Et cela va même jusqu’à la réappropriation du thème principal - archétypal même - de Falling qu’on dirait écrit par le groupe lui-même. Joli tour de force à base de vocaux éthérés, de synthés suicidaires et de percussions au goutte à goutte.
Bon, pour tout dire, on se serait quand même bien passé de la récitation du journal de Laura Palmer sur‘Josie’s Past’ qui démarre bien, mais s’éternise sur 8 minutes. Donc sept de trop. C’est bien noir et saignant, creepy le mot le plus juste, mais putain de trop long. Quand même! Stewart ne chante que sur trois titres, en dehors de sa participation au titre précité, mais c’est sur le mignon ‘Into The Night’ qu’il s’affirme le mieux, avec un petit côté Scott Walker marqué au fer rouge qui apporte calme et volupté.
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Ce qui, au final donne, pour une relecture de la musique d’un autre, le meilleur disque de Xiu Xiu à ce jour. Alors, pour tous ceux qui ont raté leur récent concert à Beaubourg ( on vous avait pourtant prévenu !), c’est peut-être le seul moyen d’envisager sereinement l’attente jusqu’à la seconde série de Twin Peaks. Amen !
Jean-Pierre Simard
Xin Xiu Plays Twin Peaks (BellaUnion )