Vu depuis Denver, les bénéfices sociaux de la légalisation du cannabis
Le boom de l'immobilier à Denver, Colorado, a pour simple et unique raison l'adoption de la loi sur la légalisation de la marijuana. Les autres Etats l'ayant l'adoptée sont depuis bénéficiaires au niveau des taxes et adoptent des politiques d'aide et de développement inenvisageables auparavant, qui profitent au plus grand nombre. Étonnant, non ?
Mais ce sont surtout les inspecteurs de l'environnement qui y ont gagné un surcroît de travail, tant l'industrie illégale s'amuse à détourner les lignes d'électricité pour faire des cultures hydroponiques, sans dépenser un sou, au risque de faire flamber tout le quartier. Les amateurs du la série Weed ont pu comprendre, au long des nombreuses saisons, tous les aléas de ce petit commerce florissant qui se réinvente pour le plus grand bénéfice des ses pratiquants, comme alliant marché en plein boom et gains inestimables. Et ces fameux inspecteurs sont attentifs à tout ce qui à trait aux mousses diverses.
C'est à tel point que depuis deux ans, des brigades spéciales parcourent les divers quartiers de Denver, la capitale du Colorado pour mesurer les pics de consommation d'électricité insolites des lieux résidentiels, tout comme les travaux d'agrandissement. Et cela ne manque pas - pour chaque maison de taille moyenne possédant un jardin conséquent, ils arrivent à trouver - quasi à chaque fois - un sous-sol creusé aux fins de culture. Bien évidemment, cela avant même que la législation n'ait autorisé ce qui rapporte à l'Etat aujourd'hui, plus que toutes les activités industrielles précédentes… La contrepartie de la légalisation étant un développement, avec les cultures hydroponiques des mousses les plus diverses en zone urbaine, là où auparavant (Denver a un climat continental) le problème n'existait pas…
Devenu le troisième pilier de l'économie du Colorado, la marijuana tient sa place à côté de la haute technologie, avec l'antenne à Boulder de Google et l'industrie du pétrole et du gaz, précédentes mannes étatiques. Et Denver subit un réel boom immobilier depuis deux ans (législation marijuana 2014). Le nombre de résidences à vendre a baissé de 10% quand le prix moyen subissait la même augmentation, portant à 345 000$ le coût d'une résidence l'an passé. Apparemment, cela semble ralentir la vitesse de circulation des biens, la faisant passer de 19 jours à 26 en moyenne, mais un agent immobilier du cru raconte que quand un ranch de 4 pièces avec deux salles de bain est visité plus de cent fois en un weekend, le propriétaire n'est plus pressé de s'en débarrasser, tellement il est sûr que son bien partira à ses propres conditions.
Mais si les prix montent en flèche, la raison en est double : une loi passée il y a dix ans permettait d'attaquer les entrepreneurs qui construisaient à peu de frais des maisons à durée de vie très limitée, conduisant ceux-ci à se retourner vers la construction et la vente d'immeubles d'appartements plutôt que de maisons, ce qui a créé une pénurie sur ce secteur immobilier. Les maisons sont donc aujourd'hui très demandées par des gens à hauts revenus qui souhaitent pouvoir s'offrir, quand les alimentations électriques du voisinage le permettent, de faire pousser tranquillement sous serre ou dans leur cave un revenu d'appoint plus que conséquent à leur salaire. Mais en toute légalité.
Jean-Pierre Simard