Dressés de toutes leurs forces contre l'ennui de Philadelphie : retour en Ruin majeur !
Ruin est considéré par beaucoup comme la perle de la première vague punk hardcore de Philadelphie. On dira, à juste titre que, loin des clichés habituels rigoristes limite vegan, ils étaient super fun. Et leurs deux albums, Ha-Ho et Fiat Lux, sont ressortis. L'occasion de se pencher sur les ruines d'une certaine idée, plutôt foutraque, du rock rebelle.
Dressés de toutes leurs forces contre l'ennui de Philadelphie, une ville partant à vau-l'eau sans y prendre garde, Ruin a fait partie de la génération punk qui s'est inventée culturellement de toutes pièces, pour lutter contre le désespoir et la totale fatuité inhérents à cette situation. On rappelle que l'autre côté de la ville vivait la situation ghetto total décrite dans The Wire.
Leur relatif isolement marque la distance qui les sépare du reste de la scène hardcore en ne jouant pas dans la même cour que les autres qui surjouaient violence et vitesse, mais en offrant des sets musclés à base de jams punk du genre turbo-garage. Evidemment, cela déparait dans le paysage et on les a longtemps pris pour un groupe hardcore bouddhiste. Rions un peu ! On les aussi pris, à cause de leur reprise du White Rabbit de l'Airplane, pour des zikos psyché cachés dans le mouvement punk … Niark! Rappelons qu'Hüsker Dü a commis une célèbre reprise du Eight Miles High des Byrds, sans que personne ne bronche…
Objets de curiosité depuis leur formation en 1982, surtout du fait des albums rarement disponibles, le couplage de He-Ho et Fiat Lux offre non seulement la totalité des 28 titres enregistrés, mais aussi, en plus des paroles et d'un livret fourmillant de détails sur leur carrière, des reprises du regretté Leonard Cohen - appréciées du maître lui-même !
De quoi replacer le groupe sur sa base en même temps que dans l'histoire sinueuse du punk US.
A toujours jouer habillés en blanc de la la tête aux pieds, avec un unique éclairage scénique aux chandelles, Ruin n'est pas un groupe de plus à placer entre New-York, le Midwest et L.A, mais une vraie singularité musicale, composée de types n'en faisant qu'à leur tête, selon leur bon plaisir et quand ils le désirent pour voir jusqu'où ils peuvent pousser leurs idées/singularités.
Ruin : du son, de la sueur et des idées !
Friedrich Angel
Ruins : He Ho + Fiat Lux ( Southern Lord )