En s'accrochant au rêve électronique, Silver Apple dure
Les deux premiers albums de Silver Apple, l'éponyme de 1968 et Contact en 1969 restent parmi les disques les plus influents jamais sortis, même s'ils peuvent sonner datés aujourd'hui. Avec une voix, un synthé et une batterie, ces deux-là firent rentrer la musique électronique dans le rock, sans coup férir.
Quand les Silver Apple débarquèrent en 1967, rien ne ressemblait à la musique qu'ils exploraient. Combinant les sons du synthé à oscillateurs de Simeon à la frappe inventive du batteur Dan Taylor ils anticipaient à la fois le Krautrock, définissaient le son de la musique électronique à venir et balançaient le son d'une communauté hippie dans l'espace. 50 ans plus tard, Simeon renvoie l'ascenseur avec Clinging to a Dream.
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A près de 80 ans, Simeon continue à vivre son rêve et le pousser plus loin à coups de live, et comme ici d'album. Mais l'élément stratégique en second s'est envolé avec la disparition en 2005 du batteur. Un élément du son tellement essentiel qu'il n'a pas jugé utile de le remplacer par qui que ce soit. Exemple du son d'autrefois, le tube Oscillations.
Les premiers titres de l'album sont du Silver Apple pur jus, rien de neuf à l'horizon. Mais cela change avec Colors qui pourrait avoir servi de modèle au Horse Latitude des Doors ou aux premiers essais du Velvet, construit autour de bruits électro et ses cascades vocales. Dans la même veine, Nothing Matters fait plus penser aux Residents, quand The Mist avec un son à la John Carpenter change de registre dans une atmosphère bien poisseuse que ne renierait pas le maître du suspense.
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Côté pop, il y a l'étrange Susie ( à écouter plus haut ) qui parle gentiment d'une dénommée … Susie qui bricole dans sa cuisine. Le problème est que le ton de la chansonne donne aucune envie de s'y retrouver avec elle, entre la famille Adams et Vendredi 13. Fractal Flow, déjà entendu en 1996, se sert des atouts de la synthy-pop pour briller et ça fonctionne. Mais c'est la suite qui rend les choses vraiment intéressantes avec Drifting, qui annonce la couleur avec un son qui coule tout seul, sans jamais s'arrêter. Charred Fragments fait référence à l'espace le plus obscur et lointain, quand Concerto For Monkey And Oscillat sonne électro pur et dur et balade dans l'espace se déroulant en un combat inégal entre - un singe et un oscillateur- justement. The Rain termine l'envoi, à la façon d'une petite poperie qui compte les gouttes qui n'en finissent plus de tomber dans un environnement très barré.
Au final, un album avec des hauts et des bas, mais au moins trois titres remarquables et indatables. A 80 ans, s'accrocher à son rêve, ça conserve remarquablement …
Friedrich Angel
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Silver Apples – Clinging to a Dream (Cargo Records )