L'architecture fallacieuse-rêveuse d'Hans Op de Beck
Hans Op de Beeck fait bouger les frontières entre réalité et fiction. Au 104, l’artiste flamand ouvre les portes de ses mondes parallèles, en invitant le spectateur à y plonger pour écrire sa propre histoire.
Dans ses œuvres, à base de sculptures, dessins, vidéos, photos, ou dernièrement pièces de théâtre, Hans Op de Beeck crée des architectures et des paysages, le plus souvent déserts et monochromes, qui appartiennent autant à la réalité qu’à la fiction.
Au 104, l’artiste a construit The Settlement, installation monumentale entièrement grise, figurant un étrange et paisible village constitué d’environ 20 maisons sur pilotis reliées par des échafaudages en bois. Des barques amarrées aux accessoires (filets de pêche, bois mort, quelques outils sommaires, guirlandes lumineuses…), chaque élément a été sculpté à l’échelle. L’ensemble est placé sur un lac artificiel, devant un mur vide qui invite le spectateur à observer, d’abord avec une certaine distance, cette scène imaginaire. A la fois vivante et immobile, celle-ci évoque fortement la tradition du cinéma, l’image composée, mais aussi la nature paralysée de Pompéi, figée dans le temps par les cendres volcaniques.
Cependant, ce village, abri fictionnel d’une petite communauté imaginaire et de toutes sortes d’histoires possibles, semble contemporain et encore habité. Comme toujours avec Op de Beeck, le spectateur reste indécis sur la temporalité ou l'histoire du lieu …
En parallèle, l’artiste présente deux films récents. Staging Silence (2013) montre avec une certaine poésie une succession de constructions de paysages. A l’écran, deux paires de bras s’affairent autour d’un plateau d’un mètre carré, sur lequel elles manipulent objets, décors et lumières artificielles pour créer avec peu de moyens des environnements reconnaissables.
Night Time (extended) (2015) est un film d’animation énigmatique et sombre, sans texte, basé sur une longue série d’aquarelles monochromes monumentales. Peintes de nuit, dans la solitude et la concentration, elles évoquent la tangible présence de l’atmosphère nocturne dans la nature ou des paysages urbains, intérieurs ou extérieurs, parfois peuplés de personnages.
Noirceur des mondes mouvants ? Invention délétère d'un futur/passé probable ? Allez-y voir vous-même, car le voyage vaut passeport pour l'ailleurs.
Hans Op de Beeck -> 31/12/16
Le Centquatre-Paris 5, rue Curial75019 Paris