L'AUTRE QUOTIDIEN

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Acid Arab, et alors ?

On va dire tranquillement qu'Acid Arab est la concrétisation, 30 ans plus tard, du rêve du Paris Mix, du world mix multicolore qui avait révélé les musiques africaines à  Paris, puis au monde dans les années 80. Mais, vu de Paris vers le monde, par des étrangers qui n'en sont pas. Ecoutez plutôt.

Ici, pas de techno boum-boum avec des samples de darboukas. Pas de dance référencée avec des clins d'œil aux clichés orientalisants. La musique d'Acid Arab est sincère et profonde. Elle prend sa source dans une culture, plus que dans une musique. Ce n'est pas un patchwork, pas un collage, pas même une fusion: c'est une rencontre. Entre des instruments, des rythmes, un solfège, une façon de jouer, ancestraux. Et un savoir–faire parfaitement actuel.  

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Pour Musique de France, Acid Arab ont tenu à s'entourer de quelques invités. Il fallait pour un album complet des voix, mais aussi des instruments. Les claviers de Kenzi Bourras (qui accompagne le groupe sur scène depuis les premiers live, et fait désormais partie intégrante du projet) et ceux de Rizan Said (le meilleur musicien de Jazeera, Syrie, dont le son est connu de tous grâce à sa légendaire collaboration avec Omar Souleyman depuis vingt ans). La voix de Cem Yıldız (musicien autodidacte d'Istanbul, il est l'auteur du tube de son groupe Insanlar 'Kime ne). Les chants légendaires des A-Wa (le trio de sœurs yéménites qui ont conquis le monde en une chanson, Habibi galbi, qu'Acid Arab ont remixée). La voix rauque et pénétrante de Rachid Taha (ici sur un exercice dark à la Suicide, qu'il éclaire de fulgurances insensées). La magnifique prestation vocale de Sofiane Saidi (le miraculé de la première vague world-fusion en France, de retour avec un album brillant) et l'étonnant Jawad El Garrouge (musicien parisiano-gnawa qui illumine la fin de l'album de sa voix et de son jeu). Ce qui prédomine reste la couleur radicalement électro de l'album, balayant une palette de sous-genres (techno, acid house, disco, trap) tout en se mélangeant à des rythmes inusuels et complexes, et des sonorités marquées. 

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Fondé par les DJs Guido Minisky et Hervé Carvalho, qui ont enflammé les scènes des plus grands clubs et festivals à travers le monde, Acid Arab est devenu un véritable groupe avec l'arrivée de Pierrot Casanova, Nicolas Borne et (dans la version scénique du projet) le claviériste algérien Kenzi Bourras. De nombreux concerts célébreront la sortie de l'album à l'automne, dont une date à Paris le 29 octobre au Pitchfork Festival.  

Acid Arab - Musique de France (CD/ 2LP Crammed Disc)