N’appelle pas à la maison, Shakespeare se pique dans une pissotière de Barcelone.
Amants, héros défaits et tapas nocturnes
Bruno, Raquel et Cristian ont monté une arnaque. Bruno et Raquel sont amants, Raquel et Cristian, frère et soeur. Ou le contraire. De ce trio naît la trahison, pour le fric, pour le cul, par vengeance.
Max et Mersche sont amants. Lui a divorcé, pas elle. De ce duo, naît la trahison, pour l’amour, pour l’avenir, par vengeance.
C’est un plaisir pervers de retrouver le Barcelone de Soudain trop tard. Le Barcelone des bars pourris, du béton, des drames terribles en arrière-plan. Et ces personnages vidés d’eux-mêmes, creux, écartelés entre une époque sans rêve et des destins tragiques. Après tout, que reste-t-il sur scène quand il n’y a plus d’honneur, d’héroïsme ou d’idéal ? L’amour non partagé, les trajectoires brisées, la came et le sexe sans capote.
Une fois un type avait appris que son fils avait eu un accident de moto. Bruno ne se souvenait plus par quel moyen, mais les autres joueurs l’avaient convaincu de continuer à jouer malgré tout, et de faire confiance aux médecins. C’était, d’une certaine façon, comme s’il jouait la vie du gosse. Le type avait fini par sortir pour téléphoner. Il était revenu avec une mine de déterré : de mauvaises, de très mauvaises nouvelles. Désormais, il n’avait plus rien à perdre du tout.
Chez Carlos Zanon, les femmes sont des sorcières malades, les hommes des coquilles vides. L’amour était au centre de tout, dans cette histoire, et personne ne l’a reconnu. Chacun s’acharne à chercher des portes de sortie qui n’existent pas, à se construire un avenir sur le malheur des autres. Symptôme d’une époque de merde.
N’appelle pas à la maison c’est ta dose de désespoir. De la bonne et non coupée. Attention à la descente.
N'appelle pas à la maison de Carlos Zanon, éditions Asphalte
Par Charybde1
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