Quand le sujet rajeunit le support, tout redevient possible pour la création. C'est le parti-pris du travail d'Alaina Varrone et de sa broderie orientée sexe, très sexe, et contre-culture. Mais avec un angle inusité. Explications.  

Vous croyiez ne plus rien avoir à faire avec la broderie, la ringardise habituelle des sujets vous en avait détourné. A part pour réparer les trous de cigarettes sur les jeans ou les chemises, vous n'en voyiez plus l'intérêt, n'ayant que très rarement les moyens de porter une pièce unique de haute-couture. Erreur que répare le travail très érotique d'Alaina Varrone qui y a trouvé un exutoire à son déchirement entre théologie et sociologie.

Passée par le Maryland Institute College of Art et la faculté de Columbia, elle a développé son art de manière autodidacte et ses piqures, érotiques dans leur propos, mais jamais de manière conventionnelle sont issues de sa réflexion socio-anthropologiqueissue de ses études à Columbia. Très branchée par l"empowerment" ( tout ce qui peut renforcer l'image de soi bénéfique de la femme et sa place dans la société) elle a commence à broder des scènes de nu aussi explicites qu'érotiques en se servant de l'art populaire comme fond. Ce qu'elle crée n'a plus grand chose à voir avec les gentilles scènes bucoliques d'autrefois, mais s'attache plutôt au monde contemporain, ses clichés, ses attitudes et ses rituels. Le détournement est toujours là, soit dans l'imagerie mise en place, soit dans les sujets pris en compte.

Son travail prospère depuis une décennie et on peut en s'en faire une idée en consultant la bible de la broderie actuelle, le  Material World: The Modern Craft Bible. ou se le procurer sur son site Etsy shop.

Jean-Pierre Simard