White spirit - street art et danse soufi
White Spirit est un spectacle marquant la rencontre entre Shoof (Hosni Hertelli), un plasticien tunisien, adepte du street art, issu de la révolution de jasmin, et l’Ensemble syrien Al Nabolsy de Damas, avec ses derviches tourneurs menés par le chanteur Noureddine Khourchid, le fils d'Abou al-Nour, cheikh de la confrérie soufie Shâdhiliyya, l’une des plus importantes du monde arabe. L’ensemble réunit 7 munshid (chanteurs religieux), hymnodes de cette même confrérie, ainsi que trois danseurs de la confrérie Mawlawiyya des derviches tourneurs de Damas.
D'un côté, les soufis dansent, en suivant les principes de Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī , maître spirituel et fondateur de cette tariqa (confrérie). Rūmī avait institué cette danse giratoire des disciples, qui serait la manifestation spontanée d’un état (hâf) décrit comme une extase, une attraction vers le haut, menant à Dieu. Et on assiste là à une transe lumineuse. Eblouissante dans toutes ses manifestations. L'orchestre soufi ne faiblit pas. Les adeptes chantent en chœur, chérissant, main sur le cœur, leur dieu de beauté.
De l'autre, venu de loin de tout ça, a priori, le graffiteur tunisien Shoof, trente cinq ans, qui en est arrivé à cette performance où ses grafs s’intercalent aux incantations des soufis après sa recherche graphique autour d'une lettre arabe qu’il cherchait pourtant à désacraliser. Point commun et lieu de rencontre entre les soufis et lui, sa recherche d’un état semi-conscient dans lequel la calligraphie en arrive à danser d'elle-même. D’où l’idée de confronter sa pratique à celle des maîtres de l’art soufi, en dévoilant au fil de leur spectacle huit panneaux remplis de hiéroglyphes ou d’idéogrammes qui évoquent les dazibaos chinois.
Puis, le bleu envahit l’espace, formant des cercles concentriques remplis de calligraphies. Une constellation, cadeau du ciel pour les croyants comme les incroyants. Époustouflant, quand le derviche tourne et tourne, A l’infini, suspendu, aspiré par le ciel.
White Spirit. Transe soufie et Street art, au Musée du quai Branly. Théâtre Claude Lévi-Strauss. Du vendredi 6 au dimanche 15 novembre 2015. Durée : 1 heure 30 environ. Tarif plein : 20 euros.