Notre choix dans le Festival Pitchfork : Jason Pierce et Godspeed You!

C'est le retour du festival Pitchfork (un peu rouillée). On vote Jason Pierce (Spacemen Three), le meilleur live rock au monde.

Sous les auspices de Pitchfork, un blog qui attrape tout pour éviter de rater le moindre frémissement musical, on empile un peu toutes les tendances actuelles du son, sans pour autant négliger artistes reconnus, vieilles gloires et inconnus pour lier la sauce. 2015 à Paris, du 29 au 31 octobre, veut mettre en avant les scènes hexagonales en développement. Bien, mais avec deux-tiers de programmation anglo-­saxonne, on passe un peu à côté du propos  !

Alors oui pour Deerhunter, Godspeed You! Black Emperor, Thom Yorke, Laurent Garnier, John Talabot, Spiritualized, Run thé Jewels et Curtis Harding à la Grande Halle.

Mais avec des soirées complètes, pourquoi n'avoir pas joué plus ouvertement l'aventure ailleurs que dans les afters ?

Entre le rock harmonique de Godspeed, les recherches de Yorke, le psyché de Deerhunter, le hip hop bâtard de Run thé Jewels, la teck de Garnier et Talabot ou la soul moderne de Curtis Harding, on se la joue 90's avec un focus sur le Spiritualized de Jason Pierce, à la réputation scénique aussi intacte que gigantesque ( peut­-être le meilleur live rock au monde... )

A la suite de désaccords majeurs, en 1989, les Spacemen 3 ont splitté ( pas dur quand il n'y a que trois guitares, comme au début, mais quand le groupe s'est entouré d'une section rythmique, cela devient plus compliqué!) Et là, Jason Pierce prend la main pour Spiritualized qu'il va conduire d'une main de maître, au fil des 90's en sortant deux chef d'œuvres Lazer Guided Melodies en 1993 adoré de Dave Gahan, de Depeche Mode qui va lui offrir la première partie de sa tournée américaine, ­ mais cela ne fonctionnera pas, par incompatibilité du public des stars n'étant pas vraiment prêt à entendre du shoegaze flottant. Suivra en 1997, Ladies and Gentlemen we are floating in Space, disque de l'année pour beaucoup, toujours monumental aujourd'hui, même si on ne sait pas s'il s'agit du Berlin des années 90 avec amour, came, morosité et compositions au petit poil ou la synthèse du son drone psychédélique enrichie de soul, gospel et de chœurs lumineux. S'ensuivirent une poignée d'albums studios, un trio de live et une maladie quasi terminale ( collapse bilatéral pulmonaire, façon junkie) pour le leader qui revient ensuite très en forme, toujours prêt à rejouer avec un groupe millimétré son œuvre majeure. Une musique qu'on ne sait pas comment prendre, mais qu'on découvre ou réécoute avec la même impossible magie du comment ce truc fonctionne avec tous les chemins de traverse qu'il réussit à prendre sans jamais se perdre.

Littéralement le morceau d'ouverture, éponyme du titre de l'album, cerne exactement le propos : "Ladies and Gentlemen we are floating in Space". Et pour les frileux qui n'utilisent aucune substance prohibée ( la viande rouge ?), ça fonctionne même sans.

Jean-­Pierre Simard

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