Les oiseaux tisserands adoptent la nouveauté aussi vite que nous
Le photographe sud-africain Dillon Marsh a l'oeil pour les motifs qui se répètent, les "patterns", et l'obstination qu'il faut pour les collecter. Son travail, sur lequel nous reviendrons souvent, est un bon exemple de cette école de la photographie qu'on peut rapprocher de celle de l'éthologie, l'étude des comportements sociaux, conscients ou inconscients. A priori d'abord modeste, documentaire, en soi peu spectaculaire, cette école nous donne à voir, à force de répétitions, de comparaisons, des choses qui nous crèvent soudain les yeux, alors que nous sommes capables de passer devant toute notre vie sans les voir. Des presque rien pleins de sens.
Dans le désert du Kalahari, peu d'arbres. Voire pas d'arbres. Et des sautes de température extrêmes entre la chaleur du jour et le froid des nuits. Les oiseaux tisserands n'y avaient pas la vie belle. Leurs nids s'accrochaient à des buissons. L'arrivée de poteaux électriques leur a donné des ailes. Ils les ont transformés en cases royales, leur donnant des formes inattendues, souvent proches des toits de chaume construits par les hommes, mais donnant parfois dans le land art, biscornues, symboliques, proliférantes, significatives.
Ces signes sont ceux d'une vie qui a préféré la sociabilité et son exubérance (on entend le tumulte que font ces nids de loin) à la vie en solitaire. Et qui y a gagné de faire mieux que survivre.