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FIBD 2025 : Le prochain festival de la BD d’Angoulême pousse vers l’international, la jeunesse et les burgers…

Jeudi 21 novembre a eu lieu la conférence de presse de la 52e édition du Festival International de la BD d’Angoulême qui présentait la programmation artistique, les sélections officielles et les grands axes pour cette édition.

Ouverture à l’international

Juste avant de dévoiler les expositions, l’équipe du festival à rappelé l’importance des échanges internationaux à travers le Marché des droits, à travers les festivals partenaires, les pays invités et les auteurices venus de tous les pays mis à l’honneur. Marie Fabbri en charge du Marché international des droits (MID) depuis 4 ans explique que la France est en tête des ventes de droits à l’international et que pour cette édition, le focus serait plus important autour des joint-ventures et des festivals internationaux. 

Un partenariat important a été noué avec l’Espagne notamment et Maria José Gálvez, directrice du livre et de la lecture au ministère de la Culture espagnole, a pris la parole pour annoncer la venue d’auteurices invités nombreux, mais aussi des expositions, un pavillon, des tables rondes et la publication d’un livre blanc sur le marché de la bande dessinée. 

Côté programmation artistique Marguerite Demoëte et Fausto Fasulo ont présenté les expositions de cette 52e édition dont les plus importantes sont tournées autour du comics et du manga. 

POSY SIMMONDS. HERSELF

L’exposition sur le Grand Prix de la 51ᵉ édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême mettra en avant le travail de l’autrice à travers ses carnets, sa conception de la bande dessinée et l’aspect novateur de son travail au cœur du comics britannique et son influence sur ses pairs. 

En plus de la présence de Posy Simmonds, Marguerite Demoëte a annoncé qu’il y aurait plusieurs auteurs britanniques invités autour de cette expo et de celle sur Superman

SUPERMAN, LE HÉROS AUX MILLE-ET-UNE VIES

Quelques mois avant la sortie du film de James Gunn qui projette de relancer tout l’univers DC au cinéma ; et après la sortie de deux documentaires sur le Superman de Christopher Reeve ; le festival propose une exposition sur les différentes incarnations du personnage et ce qu’il représente. Une expo annoncée avec une approche tout public et avec beaucoup de planches originales. 

Avec une affiche de John Romita Jr. qui sera invité pour une master class, en plus de l’affiche de Frank Quitely qui lui aussi sera à l’honneur avec une rencontre. 

SUPER-HÉROS & CIE. L’ART DES COMICS MARVEL 

En regard de la grande expo sur l’icône de l’écurie DC Comics, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image propose un regard sur les fondations de Marvel à travers une expo de 170 originaux des années 50 aujourd’hui, avec des salles thématiques, des objets et la mise en avant du fond du musée. 

VINLAND SAGA : UNE QUÊTE D’IDENTITÉ 

Une exposition pour mettre en valeur le talent de Makoto Yukimura autour de sa série phare Vinland Saga sans oublier le manga Planètes qui l’a propulsé parmi les mangakas à suivre dès sa parution. L’exposition sera tournée autour de Vinland Saga et présentera des planches originales. 

Proposition originale, l’association Báta proposera un voyage en drakkar « grandeur nature » sur la Charente pour jouer avec l’univers de Makoto Yukimura

L’ATELIER DES SORCIERS : LA PLUME ENCHANTÉE DE KAMOME SHIRAHAMA 

Une exposition là aussi annoncée avec des planches originales et de la scénographie qui prendra place à l’hôtel Saint-Simon où les expos sont toujours très soignées pour découvrir le fascinant travail de Kamome Shirahama

GOU TANABE × H.P. LOVECRAFT : VISIONS HALLUCINÉES 

Fausto Fasulo a annoncé que cette exposition proposerait beaucoup d’originaux et de documents inédits, même au Japon, —comme pour chaque proposition, pour mettre en avant le travail des différents mangakas invités— et cette rétrospective autour du travail de Gou Tanabe sur l’œuvre de Lovecraft permettra de dévoiler des inédits. 

Cette exposition sera la seule à bénéficier d’un catalogue d’exposition qui reprend les planches et visuels accompagnés de textes critiques. 

PLUS LOIN. LA NOUVELLE SCIENCE-FICTION

L’autre grosse exposition de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image avec les héros Marvel est consacrée à la science-fiction et proposera des planches de 150 auteurices français et internationaux. Une occasion de redécouvrir les grands classiques du genre et de découvrir le focus sur les dernières années où pas mal d’artistes en revisitent les codes. 

Et pour symboliser cette ouverture, la mascotte du Festival, le Fauve, a été revisité par Junji Itō pour devenir le Nekowai. Si le Fauve a connu des variations et s’adaptait aux styles ou caractéristiques de certains héros au fil des ans, seul son créateur Lewis Trondheim l’anime depuis 2007. 

©️ Junji Itō / Lewis Trondheim / 9e Art+

La jeunesse reste au cœur du dispositif 

 En introduction Marguerite Demoëte explique qu’un effort particulier a été fait pour que chaque exposition soit accessible à tous les publics, en plus des expositions spécifiquement dédiées à la jeunesse. De son côté Franck Bondoux, délégué général du festival, annonce que les albums en lice pour le Fauve jeunesse seront envoyés à 1500 classes en complément du dispositif déjà en place auprès des scolaires. 

LA BD RÈGLE SES CONTES 

Une grande exposition autour des contes revisités par les auteurices de bande dessinée qui proposera un focus autour de cinq albums/séries : L’Encyclopédie du merveilleux dirigée par Benjamin Lacombe, Émile et Margot d’Anne Didier, Olivier Muller et Olivier Deloye, Contes fabuleux de la nuit de Miyako Miiya, Les Sept Ours nains d’Émile Bravo & La Quête de Frédéric Maupomé et Wauter Mannaert. 

LOU ! CHER JOURNAL…

De la bande dessinée au film en passant par les carnets de travail de Julien Neel, cette expo dévoile les coulisses de Lou! à travers tous les aspects de la série. Avec une scénographie en immersion dans la chambre de la jeune fille ou qui laisse la place aux écrans ou à la musique, on re-découvre toute la richesse de cette œuvre qui parle à toustes. 

HYPER BD : UNE EXPOSITION DONT VOUS ÊTES LES HÉRO·ÏNE·S

Dans l’Espace Nouvelle Création, le Festival propose cette année, une exposition concept à la manière d’un livre dont vous êtes les héro·ïne·s qui a l’ambition d’être à la fois drôle et ludique. Plusieurs auteurices seront aux commandes : Émilie Plateau (on vous avait présenté son Épopée infernale qui était un livre dont vous êtes les héro·ïne·s), Adrian Tomine, Salomé Lahoche, Bingo & Antoine Marchalot.

Un bus Ariol, des contes sur scène et des défis en dessin avec Mortelle Adèle

Cette année, la programmation se renforce pour les familles avec plusieurs propositions d’activités en plus du Quartier jeunesse et des expositions. L’univers d’Ariol sera prétexte à des jeux dans un bus dédié. Les auteurices de Mortelle Adèle proposeront des défis en dessin ; Lucas Méthé animera un kamishibai —théâtre de papier japonais— autour de sa série Gosse et son ami Taigne ; et il sera possible de découvrir les coulisses des magazines jeunesse de Biscoto et du Journal de Mickey. Côté spectacle, plusieurs lectures — accompagnées de dessin live ou de musique— sur scène, permettront de redécouvrir des contes ou des bandes dessinées qui les revisitent. 

Le festival poursuit sa mise en lumière des scénaristes 

Le Prix du scénario René Goscinny est remis cette année à Serge Lehman pour son album Les Navigateurs dessiné par Stéphane de Caneva. Son travail sera au cœur d’une exposition en 2026. 

Le prix René Goscinny du Jeune scénariste est remis à Elizabeth Holleville pour son album Contes de la Mansarde dessiné par Iris Pouy

JULIE BIRMANT LES HERBES FOLLES

Lauréate du Prix du scénario René Goscinny l’an dernier, Julie Birmant est à l’honneur cette année avec une exposition qui vient présenter son travail, ses inspirations, ses habitudes de travail et son œuvre.

 

Le burger surprise 

Franck Bondoux a annoncé le nouveau partenaire principal de la manifestation, la chaîne de fast-food Quick en annonçant miser avec lui sur un axe numérique. La collaboration prend la forme d’un espace Partenaire où sera déployé une expérience de réalité virtuelle : Lucky Luke – L’Aventure en réalité virtuelle. Une attraction en VR développée pour l’occasion, qui sera par la suite disponible au Parc Spirou. 

Des menus burger Lucky Luke avec un sandwich en forme d’étoile, des albums proposés pour 2€ en complément du menu ou encore des goodies qui seront distribués, ce partenariat s’ouvre au grand public avec une offre la plus large possible. 

Un partenariat pas si simple à assumer dans un festival qui s’oriente autant vers la jeunesse (voir plus haut) avec la promotion de la malbouffe quand on sait que les enfants sont la cible principale des campagnes marketing des industriels. 

« Les géants de la malbouffe n’hésitent pas à élaborer des stratégies à la limite de la manipulation afin de s’immiscer au sein des familles et saper les efforts d’éducation alimentaire des parents impuissants face à ces techniques marketing agressives. C’est totalement immoral et irresponsable quand on voit les conséquences de la malbouffe sur la santé des plus jeunes aujourd’hui et pour leur futur. »
Audrey Morice Chargée de campagnes foodwatch France

Selon une étude commandée par Santé publique France, 1 enfant sur 6 est en surpoids ou obèse en France. Un·e adolescent·e obèse a 50 à 70% de probabilités de le rester à l’âge adulte. Dans un rapport de commission de l’OMS-UNICEF-Lancet adressé aux dirigeants, on peut lire « Les entreprises réalisent d’énormes profits en commercialisant directement des produits destinés aux enfants et en faisant la promotion de produits addictifs ou nocifs pour la santé, notamment les fast-foods, les boissons sucrées, l’alcool et le tabac, qui sont tous des causes majeures de maladies non transmissibles. » 

En 2023, un collectif de scientifiques et de responsables associatifs avait envoyé une tribune « Il faut mettre fin au matraquage publicitaire des industriels de la malbouffe sur nos enfants ! » où il précisaient « […] les jeunes n’ont pas la maturité cognitive pour contrer ces messages, bien rôdés et sournois ; difficile pour eux de résister à ce matraquage qui les mène inéluctablement à de mauvaises habitudes alimentaires. Pour les industriels, un consommateur acquis au plus jeune âge n’a pas de prix. »

Le festival, comme la plupart des événements culturels ont besoin de sponsors mais une chaîne de fast-food envoie un message plus problématique en ciblant la jeunesse, que Raja, SNCF, MGEN ou la Caisse d’Epargne pour citer les plus gros. 

À suivre dans un prochain article, toutes les sélections officielles.
Pour rappel, les dates du festival sont du 30 janvier au 02 février 2025

Thomas Mourier, le 25/11/2024
Angoulême à l’international

Image principale & photos de la conférence : ©Thomas Mourier