L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le point de rupture entre gouvernement et artistes

Samantha Bailly, Lewis Trondheim et Philippe Touzet, cette semaine des autrices et auteurs ont réalisé plusieurs actes symboliques ou témoigné du recul de la situation des artistes/auteurs déjà en danger depuis plusieurs années.

Télé-Roselyne.

Mardi, l’auteur Lewis Trondheim publie une vidéo où il rend sa médaille de Chevalier de l’Ordre des Arts & des Lettres au ministère de la Culture de manière « sanglante » en mimant de se tailler les veines au-dessus de l’objet pour un acte symbolique. 

« Suite à tous les affronts du ministère et du gouvernement concernant le non-statut professionnel des artistes-auteurs, je rends la médaille de chevalier des arts et lettres. Je sais que je ne suis pas connu, que c’est très certainement inutile. Mais bon, je trie mes déchets pour sauver la planète. Je continue à trier les déchets en jetant le ministère de la culture. »

Bonjour. J’ai fait ce matin une petite vidéo, trop longue pour être mise directement ici. Il y a très choses importantes dites, mais aussi des gags. N’ayez pas peur 😬. @MinistereCC #pasmonministere https://t.co/7D39KEsheR

— lewistrondheim (@lewistrondheim) March 16, 2021

Trondheim

La semaine dernière, c’est Samantha Bailly, autrice et Présidente de Ligue des Auteurs professionnels et vice-présidente de la Charte des auteurs démissionne de ses mandats pour dénoncer l’enterrement du rapport Racine (notre dossier sur le rapport Racine ici).

Elle exprime ses raisons dans une tribune publiée sur Actualitté : « Le rapport Racine le démontrait brillamment : le cœur des enjeux est bien la reconnaissance d’une profession. Tant que cette profession sera niée, tant que le mot travail ne pourra pas être prononcé, alors nous continuerons à vivre le grand n’importe quoi que nous connaissons depuis des décennies – spoliation des droits à la retraite, dégradation des rémunérations, absence de minimums de rémunérations, absence d’élections professionnelles et d’une démocratie sociale, dialogue social entaché de conflits d’intérêts, accès aux prestations sociales plus que chaotique, etc. »

Merci à la @CharteAuteurs, son équipe et la succession de bénévoles qui a permis d’obtenir des tarifs de référence ! Longue vie à ses combats qui ne font que commencer ! https://t.co/HjWcnQJr8z

— Samantha Bailly (@Samanthabailly) March 16, 2021

Un gouvernement qui ne tient plus compte des artistes auteurs 

Un article de Cédric Pietralunga dans le journal Le Monde daté du 11 mars, dévoile le plan pour la Culture présentée par le Premier ministre, Jean Castex, et la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.

« Un plan destiné à soutenir les artistes-auteurs (écrivains, scénaristes, compositeurs, illustrateurs, plasticiens, etc.) » où « Roselyne Bachelot n’a retenu qu’une partie des propositions du rapport de Bruno Racine visant à améliorer la situation des créateurs. »

Une grande défaite pour toute la profession, qui confirme noir sur blanc que Roselyne Bachelot n’est pas à l’écoute des artistes auteurs. 

L’auteur Philippe Touzet explique sur ses réseaux avoir déjeuné en janvier avec la ministre de la Culture et « longuement plaidé en faveur des préconisations du Rapport Racine. Résultat des courses, début mars, le Rapport Racine est enterré.»

Il insiste sur l’importance de convier aux discussions les représentants des syndicats et les organisations professionnelles qui représentent les auteurs et les autrices : « Résultat des courses, mi-mars, rendez-vous visio avec le PM autour de la question des Artistes-Auteurs. Aucun syndicat n’a été convié à la réunion. Uniquement des organismes de gestion collective…»

En parallèle le Comité Pluridisciplinaire des Artistes-Auteurs et des Artistes-Autrices dénonçait des réunions ‘avec les organisations syndicales du secteur de la culture’ où les représentants des organisations d’auteurs n’étaient pas conviés, dans l’agenda prévisionnel du Premier ministre Jean Castex.

Aurélie Gerlach autrice et Coprésidente de la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse, rappelle que « rien ne change pour les artistes-auteurs, qui ne peuvent toujours pas élire leurs représentants ni gérer leur propre régime social

Le vocabulaire de l’exécutif relève de l’organisation de bienfaisance. Les auteurs n’ont besoin ni de paternalisme ni d’encadrement ni de caritatif! Il faut un statut professionnel digne de ce nom!

— Sfar Joann (@joannsfar) March 16, 2021

Dans le même temps, on rappelle que Roselyne Bachelot critique les prises de paroles des artistes lors de la cérémonie des #Cesar2021 : « C’est navrant de voir des artistes piétiner leur outil de travail.»

Une prise de parole osée alors qu’il est navrant de la voir elle-même piétiner l’ensemble de la profession.

Thomas Mourier le 1/04/2021
« Je continue à trier les déchets en jetant le ministère de la culture. »