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Élections européennes : cinq éléments à retenir, par Nantes Révoltée

La gauche officielle ratatinée, les Gilets jaunes à un point-charnière, entre une lassitude prévisible et l’épuisement de la seule logique de rue, c'est le moment d'écouter ce que les autonomes ont à dire en ce lendemain d'élection. Ils sont la force la plus vive en ce moment, que tous les observateurs de la politique ont tort de limiter à l’action (ou non) d’un Black Bloc dans les manifestations. S’il y a encore une gauche (au sens très large) qui pense, c’est celle-là.

L'Autre Quotidien

Dimanche 26 mai : fin des élections européennes. En France, c'est évidemment un échec du gouvernement en place, Macron s'était impliqué personnellement. La candidate du pouvoir, Loiseau, une politicienne jadis proche d'un groupuscule néo-nazi a été à l'image de cette campagne : ridicule et pathétique. Le scrutin est massivement boycotté, signe d'une défiance toujours très élevée à l'égard de la classe politique. L'extrême droite, profitant de complicités médiatiques, réalise le même score qu'en 2014, lors des précédentes européenne. Analyse à chaud.

1 - L'abstention grande gagnante des élections. Sans surprise, les urnes ont été massivement boycottées. Et ce n'est pas le « sursaut » mis en avant par les médias qui pourra le démentir : une partie de l'électorat En Marche s'est remobilisée. Avec 52% de participation, près d'un français sur deux inscrit sur les listes électorales n'est pas allé dans l'isoloir. Alors qu'on n'a rarement autant parlé de questions politiques et sociales que ces 6 derniers mois, c'est un désaveu immense pour la classe politique.

2 – Voici les véritables résultats des élections en tenant compte de l'abstention. L'abstention fait 48 %. Le RN est à 12%, et la République En Marche à 11%. Europe Écologie atteint 6,5%, devant Les Républicains à 4%. La France Insoumise et le Parti Socialiste sont à 3,5%. Par ailleurs le parti de Marine Le Pen perd un siège au Parlement Européen, et la « gauche » au sens large en gagne un. Cela permet de relativiser très largement la portée du scrutin.

3 – L'extrême droite est en tête. Macron n'a été élu que pour « faire barrage » à l'extrême droite. En réalité, il n'a réussi qu'à la renforcer en menant une politique qui ignore, réprime et humilie les espoirs. Entre un gouvernement qui applique les idées de l'extrême droite, et une extrême droite qui sert d'épouvantail au gouvernement, c'est un véritable tandem Macron-Le Pen qui fonctionne à plein régime. D'ailleurs ce sont les deux seuls partis qui sont mis en avant dans les médias. En désignant le Rassemblement National comme son seul ennemi, Macron a boosté le vote d’extrême-droite chez les gens qui font l'erreur de voir le RN comme un « vote utile » pour sanctionner le gouvernement. C'est une fausse alternative entre le libéral-fascisme de Macron et le fascisme libéral de Le Pen. Ces deux politiciens ont les mêmes intérêts, et les mêmes visions politiques.

4 - La gauche a disparu à force de trahisons. Ce qui reste du Parti Socialiste et du Parti Communiste ressemble à un tas de cendre. Ces partis qui ont été au pouvoir à plusieurs reprises ces dernières décennies n'ont fait qu'accompagner les pires reniements : les privatisations, l'augmentation de la répression, le désespoir, le cynisme. Hollande, qui avait les pleins pouvoirs en 2012, a passé 5 ans à saccager les droits sociaux, à instaurer l'état d'urgence, à expulser les réfugiés, et à écraser les contestations. Souvent avec plus de violence encore que la droite. Hollande a fabriqué et propulsé Macron au pouvoir. Cette gauche en paie le prix : elle ne se relèvera pas, et c'est tant mieux. Les autres partis traditionnels continuent aussi de s'effondrer : la droite filloniste est à l'agonie. La crise de Régime observée depuis 2017 s'approfondit.

5 – Une seule alternative : la lutte. Le soir des élections présidentielles, après un duel entre Macron et l'extrême droite, on pouvait lire ce slogan sur les murs : « Macron en 2017, c'est Le Pen en 2022 ». Depuis, le président mène des politiques d'une violence inouïe, accompagnées d'un autoritarisme et d'une répression sans bornes. Il prépare le terrain à l'extrême droite. C'est cette fausse alternative qu'il faut déjouer. Ça ne se passera pas dans les urnes. Il est évident que la seule force d’opposition conséquente au tandem de millionnaires autoritaires et corrompus que forment Macron et Le Pen est le mouvement populaire. Amplifions la résistance partout où c'est possible.

L'étau se resserre. Dans les années qui viennent, nous avons le choix entre la Révolution ou la barbarie. Organisons nous.

Nantes Révoltée, le 27 mai 2019