L'AUTRE QUOTIDIEN

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Cristina Escobar, en lutte contre l'inconsistance du monde

Cristina Escobar œuvre pour raconter ce qui la touche, ce qui l'emporte vers l'intranquillité : les fondements de notre société, les desseins du monde qui nous entoure et les moteurs des hommes qui le font, les sources et conséquences des conflits, des utopies. 

Née à Cuba, Cristina Escobar quitte son pays natal en 2001 pour des raisons personnelles. Elle imprègne ses « objets-sculptures » de son histoire. Son travail n’est pas une autobiographie, elle nous fait plutôt ressentir ce qui découle de l’exil : la mémoire, la souffrance, la nostalgie, la perte et la violence. Elle nous donne à partager son errance aux limites de l’angoisse par l’engagement et le détachement à son propre pays ; tourment et objectivité d’un impossible retour.

Cette géographie de la distance est élaborée en un jeu subtil de détournement et de mises ne scènes d’objets domestiques et de gestes familiers. En les détachant de leur contexte, les agrandissant ou les miniaturisant, elle transforme ces objets ordinaires en des signes d’aliénation et/ou de menace. Ces tentatives de restituer ou mieux, de reconstruire un passé qui semble la hanter, s’opposent et s’assemblent dans une zone fragile d’instabilité et d’équilibre, situées entre sentimentalité et politique.

Cristina Escobar joue avec le sens des objets, des images et des mots et nous permet ainsi de regarder jusqu’au bout, l’histoire, même cruelle, qu’elle nous présente. Elle nous invite à parcourir ce fil de funambule qu’elle a tiré d’un bout à l’autre du monde, saisit le moment du vertige, où tout bascule, pour attraper notre conscience, faire jaillir le questionnement, et nous réveiller d’un claquement de doigt.

La partie dessin de son travail n'est qu'une facette de son œuvre de plasticienne. D'autres chocs en images sur ses précédents travaux sur son site, ici.

Jean-Pierre Simard

Cristina Escobar - Lignes de mire